Emission radio. Live les Dimanches de 20h à 22h sur le 95 fm (RQC- radio locale Mouscron-Kortrijk- Lille Métropole).

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Pataugeage dans toutes les mares ! (Rock, Electro, Jazz, Hip-Hop, leurs dérivés connus, inconnus ou oubliés)

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dimanche 22 janvier 2012

Archive de la Semaine - Johnny Otis - Good Lovin' Blues


Il est parfois bon de revenir aux fondamentaux.  Ne serait-ce que pour savoir de quoi on parle.
La soupe populaire grasse et sucrée de l’Internationale Marketing Pop-Music a vampirisé le terme R’n’B depuis une bonne dizaine d’années.  C’est même l’inénarrable Madone qui a contaminé une bonne fois les tablettes avec son Music en 2000. 



Le Rythm and Blues (R’n’B) né à la fin des années 30 sur les bases du Jazz, du Gospel, et du Blues. Il faudra une dizaine d’années pour que le journaliste Jerry Wexler introduise le terme auprès du grand public dans un article élogieux dans le magazine Bilboard. Les années 50 seront des années d’or pour le genre auprès des peuples occidentaux qui vont se relever en rythme de la seconde guerre mondiale. Ça c’est pour l’histoire.
Johnny Otis né en 1921 à Vallejo en Californie. Ce multi-instrumentiste touche à tout va très vite organiser les premiers véritables shows avec choristes, grand orchestre et danseuses, James Brown ou encore Ike et Tina Turner s’en inspireront très largement. Découvreur de talents il va mettre sur le devant de la scène, les chanteuses Etta James et Esther Phillips.


Good Lovin’Blues qui sort en 1990 poursuit la lignée de l’Otis Show et on y voit son fils Shuggie assurer toutes les parties de guitare. Cet album rassemble le meilleur d’un genre plus de quarante ans après sa création. Aux belles envolées vocales, on perçoit toute une influence profonde du meilleur du gospel et du blues. Entretemps, la Motown aura fait rayonné sa Soul Music plus groovy et suave.




Johnny Otis, a lâché sa dernière riddim ce 17 janvier dernier à l’âge honorable de 90 ans.



Tracklist : Ida Mae - Love is all you know - Ice water in your veins - Listen Women - You're last boogie - Time to say bye bye - Pop & son's boogie - Open house at my house/ Baby what you want me to do - In the driver's seat - Good good lovin' blues - Come on over, baby - Rock me Baby - Hey, Mr Bartender









Album de la semaine : Mudhoney - Head on the Curb

Mudhoney - Head on the Curb


Interview de Mudhoney (réalisée par Arnaud de Drink Booze, Think Loose)

Plus de 20 ans au compteur, et Mudhoney a toujours cette rage juvénile underground. Quand Nirvana et Alice in Chains ont été mis au chômage nécrologique, là où Pearl Jam et Soundgarden se sont embourgeoisés, personne mieux que Mudhoney n’a su garder l’esprit originel du grunge. A l’encontre de la logique du music business qui consiste à signer un contrat, vendre des disques et en vivre, Mudhoney n’a rien fait comme les autres et vit sa carrière comme le ferait un groupe de teenagers dans sa cave.


Mark Arm. Eternel adolescent, rigolard, à l’attitude oscillant sans cesse entre le pur nerd musical foncièrement loser et la légende vivante de l’underground US à la simplicité déroutante. Avant un concert incandescent au Trabendo (Paris), nous avons pu revenir avec lui sur ces dernières années très riches : Sa participation à la tournée de reformation avec MC5, les 20 ans de Sub Pop pour lesquels Green River a donné son premier concert en autant d’années et un dernier album (The Lucky Ones) qui sonne comme un retour aux sources.


Guy Maddison (bassiste) se joindra à l’interview le temps d’avaler un camembert entier. «French cuisine».




On dit que le dernier album, « the Lucky ones », a été enregistré et mixé en trois jours et demi …


Non, non, ça n’a pas été mixé en trois jours et demi, c’est seulement l’enregistrement.


Ah bon, une légende urbaine !


Non, je sais que c’est ce qui est marqué dans le disque, mais on a enregistré en trois jours et demi et on a mixé un mois plus tard, en cinq jours, un truc comme ça.


Sur cet album, tu ne joues pas de guitare. C’est temporaire ? Ca a quelque chose à voir avec ton expérience sur la tournée du MC5, où tu assurais le chant seulement ?


En fait, oui, c’est là que ça a commencé en quelque sorte. En 2004, on est passés à Seattle, et Dan (Peters, batterie) en particulier était du genre « tu sais, on devrait peut-être faire quelques chansons où tu ne joues pas de guitare ». J’imagine qu’il a apprécié de me voir sauter partout.


Et Steve (Turner, guitare) voulait les guitares pour lui tout seul.


Non, non, rien de ce style. Mais le disque qu’on a fait après la tournée du MC5, ça a été « Under a Billion Suns ». Il y avait plutôt plus de choses sur ce disque, et pas moins, comme sur celui-ci. D’habitude, quand on écrit une chanson, quelqu’un amène un riff de guitare ou deux, et on jamme à partir de cette base, on essaie d’en faire quelque chose. Et là, on a décidé d’essayer la recette qu’on utilisait à l’époque de Green River, où je ne jouais pas de guitare. On fait tourner la musique et je chante par-dessus, en essayant de mettre en place le chant, et peut-être même trouver quelques paroles à chaud. La plupart du temps, les paroles ne prennent pas vraiment forme, mais tu sors avec une phrase ou deux, et tu peux partir de là pour commencer le processus d’écriture.


C’était un moyen de revenir à plus de spontanéité, comme dans Green River ?


Dans un sens, oui. Même si quand j’étais dans Green River, j’avais un cahier où je notais pleins d’idées de paroles ou de sujets pour les chansons. Je n’ai plus ça aujourd’hui.



C’était comme un retour à une façon d’enregistrer très directe et punk ? Un retour à l’époque de Superfuzz Bigmuff, où vous aviez enregistré avec Jack Endino, le parrain du grunge ?


C’est sûr que comparé à « Under a Billion Suns » et « Since We’ve Become Translucent » … Il n’y a pas de cuivres sur celui-là par exemple. Quelques touches de synthé, mais très peu. C’est un disque très brut.


(Guy Maddison, basse, fait irruption)


Il y a toujours une alternance entre les racines psychédéliques de Mudhoney et son versant le plus punk et abrupt…


Ce sont deux de mes musiques préférées, la musique psychédélique et le punk rock. Pas mal de gens semblent penser que ce sont deux mouvements à l’opposé, mais on essaie souvent de voir comment on peut mélanger tout ça.


Vous faîtes un peu à la Neil Young, qui alternait un album rock et un album folk.


Oui, mais dans notre cas, ce serait plutôt deux psychés et deux punks, et psyché à nouveau.


Ce n’est pas la définition de Mudhoney finalement, de ne jamais avoir choisi entre les deux ?


C’est sûr. Mais ça n’a jamais été un choix délibéré. On n’a jamais rédigé de manifeste pour définir ce qu’on faisait.


Personne ne penserait aujourd’hui au mot « grunge » pour décrire la musique de Mudhoney. C’est le signe que tout le mouvement était une blague finalement ?


Dans un sens, je suis d’accord avec ce que tu dis, mais … Je fais pas mal d’interviews où on me pose tout le temps des questions sur le son grunge et tout le mouvement de l’époque. Dans l’esprit des gens, on est intimement liés à tout ça. Mais bon, je ne sais pas vraiment ce que tout ça signifie. Si on disait « scène de Seattle », ça c’est quelque chose à quoi je me sens rattaché. C’est ce qu’on est, un groupe de Seattle, comme Tad, comme Nirvana, comme les Screaming Trees, Pearl Jam, Soundgarden. Le nord-ouest, la côte du Pacifique. Ok. Mais le « grunge » … Je ne suis même pas certain de savoir où ça a commencé et où ça a fini. Au début, c’était un mot que Bruce Pavitt (moitié du label Sub Pop) utilisait pour décrire Green River. C’était le terme utilisé à l’époque dans une pub stupide pour un karcher, pour se débarrasser des trucs qui s’accumulent sur les toits ou les murs. Grunge, c’était juste une autre façon de dire … disons une manière plus fantaisiste de dire « crasse ».


G : Oui. De la même façon que « punk » était un mot avant le punk rock. Ca avait une connotation très négative, alors ils l’ont collé à une musique qui sonnait de façon négative. Aucun des groupes du grunge ne sonnait de la même façon. Il n’y avait pas de son définitif, auquel il fallait se plier pour faire partie du mouvement. Comme dans le punk. Les Stranglers ne pouvaient pas être plus différents du Clash, qui ne pouvaient pas être plus différents des Dead Kennedys.


Un état d’esprit commun peut-être.


G : Ouais. Le grunge est davantage un état d’esprit.


M : Mais bon, tu peux dire que le punk, c’est 1977, c’est aussi 76, 78. C’était comme quelque chose qui apparaissait en même temps dans le monde entier. Les Saints et Radio Birdman ont commencé en 1974 en Australie. T’as Père Ubu en 1974, Television et les Ramones, 1974, aux Etats-Unis. En suivant, les Damned et les Sex Pistols en Angleterre. C’est quelque chose qui est arrivé simultanément dans différentes parties du globe. C’était une réaction aux médias toujours plus mainstream dont on gavait les gamins à l’époque. En 1974, les médias étaient beaucoup plus oppressants. Il n’y avait pas mille façons d’écouter de la musique ou de découvrir des groupes. Quelques stations de radio, quelques chaînes de télé. Ce qu’ils choisissaient de diffuser dictait ce que tu écoutais, finalement. Avec le grunge, enfin la scène de Seattle, c’était juste des gens qui essayaient de tromper l’ennui dans un coin paumé. Des trucs identiques sont arrivés partout dans le monde, et pas seulement aux Etats-Unis. Comme le punk justement. Ce n’était rien de très neuf en fait.


C’était des groupes dans la même ville au même moment.


G : Il y a eu des mouvements similaires à celui de Seattle. Ils ne sonnaient pas forcément de la même manière, mais étaient générés par les mêmes facteurs, et ont abouti car les groupes s’influencent réciproquement dans une même ville. En Angleterre par exemple.


Comme ça a pu être le cas à Manchester.


G : Ouais voilà.


M : Ce sont juste des gens qui voulaient être dans des groupes et se marrer un peu, parce qu’ils vivent dans un coin sordide. Nous, on essayait simplement de s’occuper et d’occuper nos potes. Ce n’était pas vraiment un mouvement.


G : Et puis c’était une époque où on était coincés entre de la musique synthétique et une flopée de groupes de heavy metal.


Vous avez tous un job à côté de Mudhoney. C’est un moyen de se sentir libre de créer sa musique sans se poser des questions relatives aux ventes, aux contrats ou tout ce qui préoccupe habituellement les majors aujourd’hui ?


G : Tu parles, c’est surtout un moyen de payer le prêt de la maison.


M : Oui oui, c’est surtout un moyen de vivre une vie très classique.


G : Merci, au revoir ! (en français)


M : Quelque part, tu peux voir les choses sous cet angle. Etre dans un groupe, c’est un genre de hobby magnifié qui paye un peu. On pourrait se retrouver pour jouer aux cartes entre potes, ou au parc avec les gamins, tous ces trucs de mecs qui se retrouvent pour faire des trucs de mecs. Nous, on se retrouve et on est dans un groupe, on écrit des chansons, on part en tournée.


En d’autres termes, vous avez enregistré cet album en trois jours et demi et il sonne très abrupt. Vous auriez pu faire la même chose si vous aviez la pression d’une maison de disques sur vos finances ?


Tu sais, la façon dont ce disque a été enregistré est assez drôle. En fait, on avait réservé deux longs week-ends de studio. On avait déjà 11 chansons prêtes à être enregistrées, et on se disait qu’on pourrait mettre sur bande 7 chansons, si tout allait bien, lors de la première session, et on finirait le reste pendant la seconde, un mois plus tard. Et tout s’est déroulé si vite et si naturellement qu’on a tout fini en un seul week-end. A la fin, on s’est regardés et on s’est dit que c’était bien comme ça. C’était comme un signe. Qu’est-ce qu’on pouvait faire de plus ? Ecrire peut-être une nouvelle chanson ou deux entre-temps et l’enregistrer la prochaine fois ? On a finalement décidé de profiter de ce truc instinctif et on a annulé la deuxième session.


Tu te considères plutôt comme un guitariste qui, un jour, a dit aux autres « ok, les mecs, je peux chanter » ou un chanteur qui peut gérer la deuxième guitare ?


En fait… je ne me considère comme aucun des deux. Quand j’ai commencé à jouer de la musique, j’étais dans un groupe avec des potes du lycée. Ca s’appelait Mr. Epp. Le batteur et le bassiste étaient deux frères, et Smitty et moi, on a partagé l’argent du groupe pour dégoter un ampli bon marché et une guitare. On alternait. J’ai fini par jouer davantage que lui, mais ce n’était pas du genre permanent. Quand on s’est séparés, le matériel du groupe était à droite à gauche, et quand Steve et moi on a décidé de continuer dans Green River, c’était un peu le même problème. « Bon, je n’ai ni guitare ni ampli, peut-être que je devrais essayer de chanter ». Et je ne sais pas si tu as entendu le Green River du début, les démos avant que Stone (Gossard, maintenant dans Pearl Jam) arrive dans le groupe. Merde, je pouvais à peine chanter. Waa waa waa. J’essayais de me la jouer hardcore, un truc comme ça. Alors bon, je vois tout le cheminement comme un apprentissage. Même aujourd’hui. Comme quand j’ai fait cette tournée avec le MC5, j’ai appris une chiée de trucs. En fait tu t’aperçois qu’on est coincés dans des habitudes. Un groupe de personnes a sa façon de travailler, et il la répète encore et encore et encore. Quand tu bosses avec d’autres gens, tu es obligé de penser à d’autres façons de faire les choses.


Si tu n’avais qu’une seule chanson de Mudhoney à jouer avant de, disons, exploser sur scène ou un truc du genre. Laquelle tu jouerais ?


En ce moment, ce serait sûrement « Tales of Terror », qui est sur le nouvel album. Mais seulement si je sens que je vais exploser en plein milieu du set.


Cette chanson, justement, c’est un hommage au groupe du même nom ?


Dans un sens, oui. Un pote à moi avait sa platine vinyle relié à son ordinateur, alors je lui ai demandé « Tu ne peux pas me digitaliser ce disque, parce qu’on ne le trouve plus nulle part ? ». Il l’a fait et du coup, je l’écoutais partout. Dans la rue, au boulot. On était en train de composer pour l’album et je suis arrivé avec ce riff de guitare. Le temps qu’on le travaille pour arriver à la chanson que c’est aujourd’hui, on cherchait un titre et on continuait à en parler comme de la « chanson Tales of Terror ». Finalement, quand on a dû choisir un titre pour de bon, on a gardé « Tales of Terror ». Mais le groupe avait aussi une chanson du même nom. Ce n’est pas une reprise, mais oui c’est clairement un hommage.


Tant qu’on parle d’influences, je sais que tu as été très inspiré par le hardcore des années 80 et…


Le début des années 80. Vers 1984, les gens intelligents qui étaient actifs dans le hardcore ont changé de direction. Black Flag a ralenti son tempo, les groupes comme les Butthole Surfers commençaient à émerger. Ils sont arrivés avec des chansons comme « the Shah sleeps in Lee Harvey’s grave » qui était un genre de parodie de hardcore. « Suicide » ou d’autres chansons comme « Wichita Cathedral » et « Something » n’étaient plus des chansons hardcore, mais c’était toujours très punk.


Le hardcore et cette scène radicale, ça a eu une influence quand tu t’es mis à parler de politique dans tes textes ? Il y a eu plusieurs chansons sur le gouvernement Bush, ta prise de position en faveur du vote.


Non. Black Flag, par exemple, n’était pas très engagé politiquement. Ca a plus à voir avec le fait que j’ai dû vivre cette putain de période. Je ne sais pas pourquoi il n’y a pas eu plus de groupes à monter au créneau. C’était une période horrible. C’était vraiment horrible de vivre aux Etats-Unis pendant tout ce temps. C’était gênant et oppressant.


Ce serait quoi ton disque « île déserte » aujourd’hui ?


Le disque ultime c’est ça ? Je vais te dire un truc, aujourd’hui, avec les Ipods, tu n’as plus besoin de faire ce genre de choix. J’ai juste besoin de mon Ipod de – genre – 80 gigas.


Ok je vois, tu es en train de tuer cette question de façon durable. Alors, ça aurait été quel disque au début de Mudhoney, à l’époque de Superfuzz Bigmuff ? Parce que le Ipod n’existait pas en 1988 hein.


Ca ne pouvait être qu’un disque des Stooges, mais c’est vraiment difficile de dire lequel.


Je dirais que ‘Funhouse’ est peut-être le plus proche de ce que tu as fait avec Mudhoney.


Peut-être Funhouse oui. Je m’apprête à prendre la plus énorme des décisions de ma vie. Je vais dire… peut-être que le premier album serait plus approprié, parce que dessus, il y a cette chanson stupide « We will fall ». Que j’adore hein. Si tu ne peux pas supporter ça jusqu’au bout, tu n’as rien à faire avec les Stooges, j’imagine.




Line Up :
Mark Arm
Steve Turner
Dan Peters
Guy Maddison

Label :
Sutro Park

Tracklist :






dimanche 15 janvier 2012

Archive de la Semaine : Therapy ? - Infernal Love (1995)


J’ai toujours eu une sympathie pour ces irlandais. Therapy ? représente, à mes yeux, le hard-worker band par excellence. Aucune prétention de leur part, amoureux du travail bien fait, précis dans leurs réalisations même si le rendu est parfois sommaire et/ou oubliable-dans-la-minute.
Therapy ? c’est plus de vingt ans de carrière, avec une triplette d’albums en entrée où tout est dit. Un groupe qui prend un plaisir à jouer ensemble, à voir les fans, à fouler les scènes – du stade au festival en passant par l’arrière-salle d’une librairie. Peu importe les époques, les tendances, crise du disque ou bandcamp, les irish-boys publieront à un rythme de sénateur plus ou moins le même album qui mêle la trilogie précitée pour le plaisir d’envoyer le bouzin !
Pour le coup, ils représentent un peu la version désintéressée de Foo Fighters !

Revenons sur cette fameuse entrée en matière. En 1992, Therapy ? sort dans l’indifférence générale son premier album Nurse, avec le recul on se demande comment cet album enregistré avec une paire de moufles au pieds a pu survivre aux affres du temps. C’est une autre histoire que je vous narrerais dans un prochain épisode de ces archives. Sachez néanmoins que la fixette sur l’indus malsain avait bonne presse en 1992. Troublegum leur apporte en 1994, le succès mondial avec une tripotée de tubes-killers « Knives », « Nowhere », « Die Laughing », « Trigger Inside », « Femtex », ou encore « Stop it you’re killing me » entre Judas Priest (grosse influence revendiquée d’Andy Cairns) et The Cure.



Infernal Love déboule en 1995, en pleine dépression post-nirvanesque, les cadors de la première moitié des nineties se cherchent alors que l’underground montre les dents et assène coup sur coup des plaques telluriques Sloy, Drive Blind, les Thugs ou Portobello Bones en France, la fusion furieuse d’Asian Dub Foundation pour faire la nique au Trip-hop  au Royaume-Uni et la montée de l’ineffable Néo-Metal – Ross Robinson style ! -  (et sa déferlante). L’album est sensiblement plus long que ses prédécesseurs, 4 titres sur les 11 avoisinent les 6 minutes. Il se démarque par le propos volontairement sombre et romantique, le très émouvant « Bowels of Love » en tête en étendard. L’album se présente comme un recueil personnel pour Cairns qui lucide annonce : «  I have a problem, this infernal love » dans le titre d’ouverture « Epilepsy ».  Les compositions sont solides et peut-être moins catchy que celles de son prédécesseur. À nouveau, on retrouve des arrangements très librement inspirés de la mouvance indus de l’époque (les travaux de Reznor ou Cevin Key). L’album contient son lot de titres coup de boules « Stories », « Loose », « Misery ».





C’est le dernier album pour le batteur Fyfe Ewing qui, las du rythme effréné du combo, quitte le groupe au terme de la tournée de 1996. C’est également le dernier album marquant du combo qui par la suite entre dans une logique répètes-concerts-albums-tournée qui les mènent jusqu’à ce début 2012 où sort le nouvel album A brief crack of light .


Tracklist
Epilepsy (3:50) Stories (3:11) A Moment Of Clarity (6:01) Jude The Obscene (3:32) Bowels Of Love (2:53) Misery (3:40) Bad Mother (5:45) Me Vs You (6:23) Loose (2:59) Diane (4:59) 30 Seconds (5:24)


Album de la semaine : The Roots - Undun

The Roots - Undun


Interview de Questlove (batteur de The Roots)


Quel est pour toi le contraire de The Roots?
Quel serait le contraire de The Roots? Quelque chose de manufacturé... Je sais pas ! Qu'est ce que tu veux dire par le contraire de the roots?

Ben le contraire?
Et bien... Nous vivons dans une ère d'ironie dans laquelle tout ce qui est vieux est récent, tout ce qui est récent est vieux, tout ce qui est bien est mal, tout ce qui est mal est bien. Tu vois, il n'y a rien sous le soleil qui ne soit pas l'opposé exact de ce qu'il était il y a de ça une vingtaine d'années. La culture, les gens, tu vois ce que je veux dire...

Comment tu expliquerais ta musique à un sourd ?
Hmm.... ça dépend, je veux dire, je considère ma musique comme mon enfant. Tu vois quand je crée quelque chose, c'est l'équivalent de .... je sais pas...quelque chose de spirituel qui vient de l'intérieur, et que je donne aux gens, c'est très rare quand je crée quelque chose que je ne sens pas au plus profond de moi-même tu vois. En fait c'est marrant que tu poses cette question, il y a un promoteur Hip-Hop qui vient de Suède et qui fait des show Hip-Hop pour les sourds et il a des speakers spéciaux qui envoient des vibrations dans les sièges, dans le sol afin qu'ils puissent sentir les vibrations de la musique, ils ne peuvent pas entendre mais ils peuvent sentir, et pour la danse c'est pareil... Tu comprends c'est différent quand tu sens juste les vibrations... Ouais, en fait on a fait quelques concerts pour les sourds et le sol sur lequel ils étaient assis transmettait des vibrations par le biais des speakers installés par terre.

Si ta musique était un film, quel en serait le sujet? 
Si notre musique était un film.... Le sujet dont nous parlons souvent c'est « Art VS Commerce ». Ce qui veut dire qu’on doit faire survivre notre art dans un pays ou on te met la pression pour faire de la musique que les gens vont acheter, et cette musique n'est pas nécessairement celle que tu veux faire, celle que tu as dans le cœur, donc il y a toujours eu un clash entre l'art et le commerce dans la vie d'un artiste. Le jeu que joue The Roots depuis 1993 tu vois. Est ce qu'on fait notre art ou est ce qu'on paye nos factures?        

Est ce que tu penses que tu fais toujours ce que tu veux vraiment ou tu penses que les majors peuvent te dicter la marche à suivre concernant ta musique ou t'obligent à faire une musique que tu n'as pas forcément envie de faire?
Je suis verseau, donc, je suis naturellement rebelle et je suis gaucher donc je suis quelqu'un de créatif donc... Je dirai que plus les années passent plus je suis consciemment attentif au marché. Tu sais quand les Roots ont commencé, en 1993, on ne savait pas trop où on allait...Ok on devait avoir un hit single dans notre album et ensuite quand « Illadelph Halflife » est venu, on a commencé à réaliser qu'on devait avoir une histoire narrative claire pour que les gens comprennent qui nous sommes, tu vois. Au fil des années, le hip hop est devenu moins abstrait et plus indirect. Et quand je dis « plus indirect » je veux dire que l'audience doit voir, pas un miroir comme une réflexion de toi-même, mais l'audience veut plus ou moins voir en toi ce qu'elle voudrait être. Et maintenant la vedette du Hip-Hop est 50 Cent aux States. Je ne suis pas en train de dire que si quelqu'un s'est fait tirer dessus 9 fois, tu peux dire « ok je crois en ce mec » mais 50 Cent représente une personne rebelle et un dur à cuire. Je veux dire... c'est bizarre... tu vois 50 Cent a deux histoires maintenant: Au début quand il est arrivé, c'était le genre de gars « opprimé » qui arrivait en clashant tout le monde. C'est pourquoi je me disait « whaou il a des couilles, il a du cran ce mec, ok j'aime bien ça ». Et ensuite quand il a signé son contrat dans une maison de disque, quand Sony a signé 50 Cent, il n'a jamais arrêté de faire de la musique, et Il faisait des mixtapes. Et ce que j'aime chez 50 Cent c'est le fait qu'il n'arrêtait pas de faire des mixtapes, genre une par mois alors que d'autres types font deux mixtapes dans l'année. Et il ne lésinait pas sur la matière, il y avait genre 20 chansons sur chaque album. Whaou, il bosse dur et c'est ce que j'admire chez lui. Maintenant que 50 Cent est le roi, maintenant qu'il est au sommet, c'est comme si il n'y avait plus d'histoire, il ne se bat plus. Tu sais les américains aiment quand tu te bats et quand tu travailles dur, c'est pour ça qu'ils aiment autant Mickael Jordan parce qu'il pouvait facilement juste lancer la balle dans le panier mais le fait qu'il a travaillé si dur pour rendre ça artistique tu vois... les gestes avec son corps. Les américains aiment te regarder suer, ils paient pour te voir faire des choses miraculeuses. Ensuite, une fois que tu as atteint les sommets, il n'y a plus d'histoire à raconter et c'est comme si ils voulaient te tuer, tuer ton histoire, donc... Tu sais maintenant 50 Cent est à un moment où beaucoup de gens disent « Hmm, je suis bien meilleur que lui » au lieu de dire  « yes il l'a fait, je suis content pour lui » donc tu vois... Je ne sais pas vraiment si c'est de sa faute à lui ou si c'est la faute de l'Amérique parce qu'on veut toujours essayer de tuer celui qui est au sommet. Tu vois il y a une sorte de contradiction. Pour ce qui est de moi, je crée ma musique à partir de mon cœur mais je suis de plus en plus attentif à ce que le public attend de moi.  En plus de ça il y a le public pour lequel je joue, qui est mon public de base, mes fans qui veulent que je crée à partir de mon cœur mais le public qui paye mes factures et qui me fait survivre est plutôt le marché pour lequel je ne veux pas créer de la musique, donc tu vois je suis pris entre les deux.                
   
Tu peux nous parler d'Okayplayer?
Okayplayer est un website que j'ai crée en hiver 1999 avec ma copine Angeline Nissel (rires)... Angela. Elle a maintenant quitté Okayplayer pour aller à Hollywood, où elle écrit pour des sitcoms ; est-ce que vous connaissez une série qui s'appelle « Scrubs » par ici ? ça s'appelle peut être autrement ici ; ça se passe autour de jeunes docteurs, c'est une comédie, bref c’est elle qui écrit.
Pour Okayplayer, c'est un website que j'ai crée pour établir une sorte de lien qui permettrait de communiquer avec des personnes pour parler de quoi la vraie vie est faite. Et sur ce website, je leur parle pendant deux à quatre heures par jour... C'est juste une histoire de faire partager mes expériences. Je peux parler de quels genre de microphones j'utilise, je peux parler de ...

Mais c’est devenu une sorte de label ?
Oh Non, c'est d'abord un website, maintenant ça commence à devenir un peu plus que ça. Tu vois.

Quelle est la plus belle et la plus mauvaise chose qui soient arrivées dans ta carrière ? 
La plus belle et la plus mauvaise chose qui soient arrivées dans ma carrière ? Hm...Je dirai que la plus belle chose qui me soit arrivée...personnellement...hm... mes live shows, c'est certainement la meilleure chose qui ne me soit jamais arrivé parce que mes live shows me permettent d'atteindre des gens que je ne peux pas toucher par le biais de la radio ou de la vidéo. Cela m'a aussi permis d'atteindre mes pairs, tu sais, pouvoir travailler avec D'Angelo et Common et tous ceux avec qui je me suis associé. Probablement la plus mauvaise chose qui me soit arrivé dans ma carrière, ça a été de signer chez Interscope records. C'était seulement pour un album, pas plus de temps dans ce label. Je veux dire, je n'ai rien, personnellement contre Interscope, mais je ne pense pas que ce soit un environnement dans lequel on laisse aux personnes créatives la possibilité d'être elles-mêmes. C'est un environnement dans lequel tu dois absolument prendre en considération ce que le marché veut, et c'était à un moment ou nous n'étions pas vraiment prêts pour ça. Notre groupe doit prendre son temps avant d'être introduit dans le Marché. Et ils nous ont appliqué leur méthodes rapides de promotion... Je veux dire...c'est un label qui a Dr Dre, Snoop, Tupac, Eminem, Banks, Buck, Tony Yayo, Gwen Stephany, Pharell from the Neptunes, Kanye West a créé un label avec eux. Ces gens travaillent avec les rap stars tu vois, nous on cherchait juste une situation on ne cherchait pas forcément à être projeté au top si rapidement. C'est un peu comme se retrouver sur une de ces autoroutes allemandes au milieu de toutes ces Porsches et ces BMW qui peuvent faire 500 miles en une heure, avec juste une petite bicyclette. Donc ça n'a pas été vraiment une bonne chose pour nous.

Quelle sera ta prochaine étape dans la musique?
C'est toujours plus ou moins la même chose, tu vois on enregistre, on part en tournée, on enregistre, on part en tournée.
                   
J'ai lu que vous aviez été classés parmi les dix meilleurs groupes à voir en concert ?
Je ne sais pas, oui tu peux dire ça, mais...on est réellement le seul groupe... Aux Etats-Unis, il n'y a plus de groupe noir avec un contrat signé chez une Major. Donc tu vois, on est là par défaut. Et même en ce moment précis, il n' y a que 4 groupes Hip-Hop avec des contrats signés chez des Majors: The Roots, Outkast vont peut-être splitter, peut-être pas, on ne sait pas. Donc ça fait: the Roots, Outkast, The Ying Yang Twins,  Lil Jon des East Side Boyz et Three Six Mafia. Après ça... c'est comme  le Wu Tang qui n'a maintenant plus de deal avec RCA et comme A Tribe Called Quest qui n'est plus chez Jive non plus. L'idée de plusieurs personnes qui collaboreraient ensemble sur un même produit est devenue obsolète. Ce n'est pas seulement le fait que nous soyons le seul black band avec un major deal mais nous sommes en passe de devenir le seul groupe Hip-Hop avec un contrat chez une Major. En ce moment, tout le monde est un artiste solo, tu vois, donc, si tu veux nous appeler l'un des dix meilleurs groupes en concert, ça me fait plaisir, mais c'est un peu biaisé (rires). On est les seuls dans l'avion, tu vois donc on gagne par forfait.


Line Up
Black Thought (Rap)
Questlove (Batterie)
Kamal Gray (Clavier)
F. Knuckles (Percussion)
Captain Kirk Douglas(Guitare)
Owen Biddle (Guitare basse)
Damon "Tuba Gooding Jr." Bryson (Sousaphone)

Label
Def Jam


Tracklist
Dun , composée et réalisée par Ray Angry et Ahmir Thompson (?uestlove)
Sleep, composée par Nicolas Koenig-Dzialowski, Thompson, Tariq Trotter, Aaron Livingston, réalisée par ?uestlove et Hot Sugar
Make My, avec la participation de Big K.R.I.T. et Dice Raw, composée par Khari Mateen, Trotter, Thompson, Angry, Justin Scott, Karl Jenkins, réalisée par ?uestlove, Mateen et Angry
One Time, avec la participation de Phonte et Dice Raw, composée par Brent Reynolds, Jenkins, Trotter, Thompson, Phonte Coleman, réalisée par ?uestlove, Reynolds
Kool On, avec la participation de Greg Porn et Truck North, composée par Gregory Spearman, Jamal Miller, Trotter, Dewayne Julius Rogers Sr., réalisée par ?uestlove
The Other Side, avec la participation de Bilal et Greg Porn, composée par Thompson, Betty Wright, Jenkins, Trotter, Spearman, James Poyser, Angelo Morris, Sean McMillion, Ralph Jeanty, réalisée par ?uestlove, Poyser et Richard Nichols.
Stomp, avec la participation de Greg Porn et Just Blaze, composée par Trotter, Spearman, Deleno Matthews, Levar Coppin, réalisée par Sean C et LV.
Lighthouse, avec la participation de Dice Raw, composée par Richard Friedrich, Thompson, Jenkins, Trotter, réalisée par ?uestlove et Friedrich.
I Remember, créée par Mateen, Trotter, Thompson, réalisée par ?uestlove et Mateen.
Tip the Scale, avec la participation de Dice Raw, créée par Thompson, Angry, Wright, Jenkins, Trotter, Morris, réalisée par ?uestlove, Angry, Nichols, Mateen.
Redford (For Yia-Yia & Pappou), instrumentale créée et réalisée par Sufjan Stevens.
Possibility (2e mouvement), créée par Angry, Thompson, Nichols, réalisée par ?uestlove, Angry, Nichols.
Will to Power” (3e mouvement), instrumentale créée et réalisée par le pianiste canadien D.D. Jackson et ?uestlove.
Finality, (4e mouvement), créée et réalisée par Angry, Thompson, Nichols.