Emission radio. Live les Dimanches de 20h à 22h sur le 95 fm (RQC- radio locale Mouscron-Kortrijk- Lille Métropole).

En écoute ici en streaming.

Pataugeage dans toutes les mares ! (Rock, Electro, Jazz, Hip-Hop, leurs dérivés connus, inconnus ou oubliés)

Tous les Canards vont à la Mare est une réalisation produite par Animation Média Picardie.

co : touslescanards@gmail.com

dimanche 31 mars 2013

Info-Service: The EX

Les hollandais de The Ex se produiront le 21 avril prochain au Water Moulin (à Tournai)
+ Infos pratiques ICI


Une belle occasion pour parcourir durant tout le mois d'avril, l'imposante discographie du groupe via un choix aléatoire.

Tumult  1983
3iè Album



Scrabbling at the lock feat Tom Cora (1991)
11iè Album


Starters Alternators (1998)
15iè Album


Catch my shoe (2010)
21iè Album


En vedette américaine (ça va leur faire plaisir), on retrouve les tournaisiens de Unik Ubik

Album de la Semaine : The Black Angels - Indigo Meadow


The Black Angels

Indigo Meadow



Interview de Christian Bland, guitariste des Black Angels, par Paul Grunelius de Profondeur des Champs


Proposant une synthèse de la musique psychédélique, rappelant tout autant les balbutiements sixties des 13th Floor Elevators que le drone assumé des Spacemen 3vingt ans plus tard, les Black Angels tracent depuis presque dix ans un sillon frôlant la perfection et participent activement au renouveau d’une scène éminemment alternative. Entretien avec Christian Bland, guitariste des Black Angels.
The+Black+Angels 
Nous avons en France une image très cliché et négative du Texas et peu de personnes s’imaginent qu’Austin, d’où vous venez, est une ville aussi vivante et centrée sur la musique (je pense au mouvement Keep Austin Weird ou aux festivalsSXSW et Austin Psych Fest par exemple). Comment expliquez-vous que cette ville soit si différente du reste du Texas ?
Je pense que l’explication principale est la présence de l’University of Texas, qui attire et brasse des personnes du monde entier. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et même durant les années 1950, Austin était un endroit très conservateur. Ce n’est que vingt ans plus tard, avec l’apparition de la génération hippie, que les weirdosarrivèrent. Un groupe comme les 13th Floor Elevators a aussi joué un rôle majeur dans l’affirmation de l’identité psychédélique et alternative de la ville. Tout cela est d’ailleurs très bien expliqué dans le documentaire « Dirt Road to Psychedelia » de Scott Conns.
De manière générale, Austin est une ville tellement agréable à vivre que beaucoup d’étudiants de l’University of Texas (UT) décident de rester après leurs études, particulièrement les personnalités créatives, ce qui alimente la ville en bizarrerie (rires).
La vie à Austin favorise-t-elle la créativité, la collaboration avec d’autres artistes ?
Indéniablement. Je suis arrivé ici en 2002 pour étudier à UT et je n’en suis jamais parti. Cette ville regorge de personnes créatives, ouvertes, inventives. C’était l’endroit parfait pour fonder un groupe.
Vous faites de la musique psychédélique, vous en êtes même les grands représentants à notre époque. Comment en êtes-vous venus à ce genre de musique ?
En un mot : Sgt. Peppers (ndlr : Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, huitième album des Beatles sorti en 1967 et véritable manifeste psychédélique). Je l’ai écouté pour la première fois quand j’avais neuf ans et c’est à cette époque que tout a commencé.
Cette musique faite de répétitions, de mantras, donne un caractère quasi incantatoire à votre art. La musique est-elle une spiritualité pour vous ?
Oui. La musique est ma religion.
Le Velvet Underground semble avoir une importance centrale dans votre groupe (votre nom et logo en sont des références directes). Comment expliquez-vous votre fascination pour ce groupe ?
J’ai découvert le Velvet quand j’avais dix-huit ou dix-neuf ans et j’ai tout de suite été fasciné par leur premier album (The Velvet Underground & Nico, 1967). Chaque chanson est absolument unique et émouvante, c’était la première fois que j’entendais quelque chose d’aussi simple, brillant, sinistre. C’est cet album qui m’a donné envie de jouer de la guitare. Avec Alex (Alex Maas, chanteur des Black Angels), on écoutait souvent cet album ensemble pour essayer de trouver l’inspiration pour de nouvelles chansons.
Un autre personnage emblématique de la musique psychédélique semble avoir pris une place majeure dans votre vie : Roky Erickson, fondateur du groupe 13th Floor Elevators. Quelle relation entretenez-vous avec lui ?
On est parti en tournée avec lui en 2008 sur la Côte Ouest. C’était assez irréel de jouer ces chansons qui m’avaient fait commencer la musique il y a tant d’années. Roky est un vrai personnage. On aurait aimé jouer des chansons des 13th Floor qu’il n’avait pas jouées depuis une trentaine d’années mais on s’est retrouvé à jouer uniquement les cinq premières chansons de leur premier album. C’était assez drôle et touchant de s’asseoir avec lui et réapprendre à jouer Roller CoasterDon’t Fall Down et Reverberation à la guitare acoustique (rires).
Que penses-tu de la scène rock psychédélique actuelle (Wooden ShjipsMoon Duo,UFO CLUBMondo DragRadio Moscow…), vous influencez-vous entre vous ? Vous considérez-vous comme les « parrains » de cette scène ?
Cette résurgence du rock psychédélique est magnifique et j’espère que ce n’est que le début et que ce phénomène continuera à s’amplifier. Je ne nous vois pas forcément comme les « parrains » de cette scène. Des groupes comme le Brian Jonestown MassacreBlack Rebel Motorcycle ClubThe Warlocks ou Clinic, pour ne citer qu’eux, remplissent plus ce rôle selon moi.
The+Black+Angels+blackangels1
Revenons-en à votre musique : vos deux premiers albums étaient dans la même veine psyché-drone, le troisième plus court et influencé par les premiers albums des Beatles et des Beach Boys. Quelle direction musicale avez-vous privilégié cette fois-ci avec l’album à venir ? Travaillez-vous toujours avec le label Blue Horizon et avec un producteur ou retournez-vous à un processus de production simplifié comme à vos débuts ?
Oui, nous avons rempilé pour un album de plus avec Blue Horizon, et nous avons décidé de faire appel au producteur John Congleton. Le nouvel album devrait sortir en avril 2013. C’est une version plus mature de Passover, notre premier. Encore une fois, c’est difficile de décrire avec des mots le son de cet album.
Cette année se tient la sixième édition de votre festival, l’Austin Psych Fest, avec unline up assez impressionnant (BRMC, Deerhunter, Clinic…). Qu’attendez-vous de l’APF cette année ?
Recevoir tous nos groupes préférés pour un week-end, chez nous à Austin, c’est incroyable. On vit un rêve éveillé. D’autant plus que c’est la première fois qu’on organise le festival en extérieur, dans un immense champ, donc on a vraiment hâte. On attend plus de 5000 personnes ! Le festival a passé un vrai cap cette année, et je pense que c’est en partie dû à la résurgence de la scène rock psychédélique dont tu parlais.
Vous semblez assez proche du groupe psychédélique français Wall of Death, avec qui vous êtes partis en tournée et que vous soutenez beaucoup. Comment les avez-vous rencontrés ? Suivez-vous toujours leur évolution ?
C’est lors d’un de nos concerts à Bruxelles en 2010, alors qu’ils faisaient notre première partie, que nous les avons découverts. On a été séduit par leur son tout autant que leurs personnalités et on leur a donc proposé de tourner avec nous en Europe en 2011 et on les a invités à l’Austin Psych Fest  en 2011 et 2012. Ils seront d’ailleurs de retour pour notre festival en 2013.
Je suis tombé sur cette citation du compositeur minimaliste américain LaMonte Young qui m’a beaucoup fait penser à vous : « One of the aspects of form that I have been very interested in is stasis – the concept of form which is not so directional in time, not so much climactic form, but rather form which allows time, to stand still ».Qu’en pensez-vous ?
Je ne connais pas bien son œuvre mais je m’identifie assez bien à cette citation : je peux apprécier une chanson de trois minutes des Zombies tout autant qu’un jamdrone de dix-sept minutes des Spacemen 3. Tout dépend de l’humeur dans laquelle je suis en fait.
Dernière question : les artworks de vos trois premiers albums sont très ancrés dans une esthétique psychédélique, vintage, assez fascinante visuellement. Qui les a dessinés ? Avez-vous déjà une idée de l’identité visuelle du nouvel album ?
Eh bien… C’est moi qui ai dessiné les pochettes ! À vrai dire, avant de faire cette interview j’étais en train de travailler sur celle du prochain album. Mais pas d’indices, c’est une surprise. Allez, je retourne à mes dessins (rires).

Line Up :
Stéphanie Bailey
Christian Bland
Kyle Hunt
Alex Maas
Nate Ryan
Adam Demtri
Label :
Blue Horizon Records
Tracklist :
Indigo Meadow
Evil Things
Don't Play with Guns
Holland
The Day
Love Me Forever
Always Maybe
War on Holiday
Broken Soldier
I Hear Colors (Chromaesthesia)
Twisted Light
You're Mine
Black Isn't Black



dimanche 24 mars 2013

Album de la Semaine : Thee Oh Sees - Floating Coffin


Thee Oh Sees


Floating Coffin



Interview de John Dwyer de Thee Oh Sees, par Evan Minsker de Pitchfork




5-10-15-20 is where we talk to artists about the music they loved at five-year intervals throughout their lives. This time, we talk to 37-year-old Thee Oh Sees frontman John Dwyer. The San Francisco band's new album, Putrifiers IIis out on September 11 via In the Red. Listen along to Dwyer's picks with this Spotify playlist.
"Donald Duck the Milkman"

My parents were raised in the hippie era and they always had a record collection and a player. My earliest memory of anything is a Playskool record player with the big wide plastic arm and the indestructible needle on it. I had a ton of those crazy little 45s that were yellow or red: "Donald Duck the Milkman", "Scarecrow Speaks", Mighty Mouse, Superman. I had those records up until I was a teenager, but they were all burned up in a fire. I still buy kids' records from the 1950s or 60s at yard sales when I see them. I was also totally obsessed with this [toy robot cassette player] when I was a kid called 2-XL. It had a song from Dracula that went, [sings] "Come a little closer, let me squeeze you tight, let me kiss your neck until I start to bite."
Van HalenDiver Down

This was right around the time MTV began, so I started to watch videos. I was obsessed with butt rock as a kid. I would go to roller skating rinks and listen to a lot of big rock'n'roll from the 70s and early-80s like Van Halen and Def Leppard, or even hair metal like Whitesnake. It was before I developed any true artistic leanings to my taste. I was big into this one rollerskating rink, USA Skates, in Providence, Rhode Island; that's where I kissed my first girl, got punched in the face for the first time, and saw older kids smoking weed for the first time. A lot of developmental moments went down at that place. 
AC/DCHighway to Hell

I was just about to crack into high school, waiting on driving, discovering drugs for the first time, pinching weed off my parents, getting interested in girls. I went to a school that was so far away from my buddies that I had to ride my bike 10 miles on the side of the highway to hang out with them. When I visit my folks now, I'm in disbelief that I rode my fucking bicycle on the side of the highway 10 miles-- stoned-- as a kid. 
By then, I had discovered AC/DC-- they were first ones that made me realize that it was not a far cry for me to potentially play music. AC/DC is really powerful, man. It moved me. It was strong, it was simple. It was just really easy to understand. It had balls. It was something special. There was a cassette shop near my parents' house that was run by this weird 20-something couple, and I went out and bought everything. It's funny, I started listening to those records again in the past couple of years-- I'll find the LPs somewhere cheap and buy them-- and they still kick ass. I've been to AC/DC Alley in Melbourne. It still holds a little candle for me.

I was living in a house with a bunch of other fuck-ups and had started playing music a little bit, like jamming. I worked in a sandwich shop where you're supposed be rude to the customers-- I ended up getting fired for being too rude. I painted houses. I worked as an assistant to this totally crazy 50-year-old woman who was a philosophy professor at Brown University. I sold acid. It was a point of my life where everything was fairly drug-centric. 
I learned about Krautrock and became obsessed with Can and Neu! and Gong. I had a big music-collector friend who was 10 years older than me who opened my horizons drastically. I basically owe anything I have now to him. Can would probably the first band I ever heard where I was like, "What the fuck is this?" I had already been into Pink Floyd, but I started really digging deeper at that age. Basically, we would take acid and my friend would be like, "Check this out." My brain was melted by this band that I didn't even understand and maybe didn't even sound good to me the first time I heard it. But I had to listen to it over and over again to wrap my head around it.

By then I had become a bit of a record nerd, so I was getting into contemporaries and people that were less huge. I'd come to San Francisco, and there were bands here that were kicking ass, like the Deep Throats. I started leaning more local. It was like a Renaissance time in San Francisco for me; I'd been here for about two years and was painting houses and I was starting to go out and see my friends' bands, like this guy Extreme Elvis, who lives in L.A. now.
It's basically an Elvis cover band-- but also mixed with GG Allin-- that were fantastic. They would get banned from every place that they played at. Phenomenal. In fact, you should go online and YouTube Extreme Elvis because it's fucking hilarious. I was at this show once where I had to call 911 because he broke a bottle on someone's face-- he wouldn't break character to tell me if it was a real deal or not, and then the dude stood up and it was a sugar bottle. But the dude's girlfriend was slapping him in the face and screaming, like melting down. It was a really intense show. That band was so intense that every other band "Elvis" did after that never came close.
The last time I saw him, he was in L.A., and he gave me his business card-- it was like a little picture of a kid with a rubber cowboy hat with a penis on top of it. He's doing fetish wear for toddlers. I was like, "What the fuck is wrong with you, man?" He's like, "This shit is selling like hot cakes! People are creepy, man." He's a true cretin, lunatic, and artist.
Sun Ra: "Interplanetary Music"

I had met Ty Segall by this point, he was really young then, like 19. I was considering starting up the label, [Castle Face]. I was in Coachwhips and flying back and forth between New York, and touring constantly-- but not as hard as I tour now.
I have a huge record collection, but around 30 I was starting to get into jazz and branching out more. Learning about Sun Ra, Ornette Coleman, Jack DeJohnette, Miles Davis, Hugh Masekela, African music, and music that was totally magical and alien to me, like soul. [Sun Ra] is perfect for anyone who is interested in anything twisted because the dude was possibly the most twisted of the bunch. He's even odd for jazz people. My favorite is "Interplanetary Music" [from We Travel the Space Ways]. That record is fantastic. That's probably my favorite era of his; it's still semi-traditional jazz but totally psychedelic and beautifully recorded. Really strange and live sounding. A lot of singing. It's before he went truly synthesizer and dark.
Los Dug Dug's: Smog

By then, I managed to get the label rolling a little bit and do enough shows and have cheap enough rent that I didn't have to work a job anymore, which was basically what I wanted my whole life. It took me 35 years to get there, but I was able to make art for a living. I'm pretty grateful for that.
I started to do record collector-ly stuff, buying reissues of things like George Brigman, fuzz rock stuff, and blown out, freaky Japanese stuff like Flower Travellin' Band. Noel von Harmonson, who's in Sic Alps and Comets on Fire, was making me mix CDs with a lot of South American psych that was really killer. He turned me onto this band from Mexico City, Los Dug Dug's, which is completely out of control; Smog is the great one to listen to if someone's going to get into that band. It's completely far-out, heavy psych-rock from the 70s. I heard that the main guy split from the band and went and took acid in the mountains and wrote that record while he was up in the mountains by himself. [laughs] He came back and taught it to the band, and it is by far their biggest triumph.

Line Up :
John Dwyer
Brigid Dawson
Petey Dammit
Mike Shoun
Lars Finberg
Label :
Castle Face Records
Tracklist :
  1. I Come From the Mountain - 4:30
  2. Toe Cutter – Thumb Buster - 3:32
  3. Floating Coffin - 2:21
  4. No Spell - 4:28
  5. Strawberries 1 + 2 - 5:47
  6. Maze Fancier - 3:16
  7. Night Crawler - 4:12
  8. Sweet Helicopter - 2:45
  9. Tunnel Time - 4:09
  10. Minotaur - 4:53




dimanche 17 mars 2013

Archive de la Semaine : Depeche Mode - Ultra (1997)

Ultra est le neuvième album du quatuor de Basildon, devenu trio avec le départ d'Alan Wilder qui réactive son projet Recoil (de 1986) la même année. La production est assumée par Tim Simenon du collectif Bomb the Bass.
L'album est enregistré dans les studios d'Abbey Road à Londres et mixé et fignolé à New-York dans les studios Electric Ladyland... tout sur papier pour en faire un classique instantané. Il sort le 14 avril 1997.



Le propos est sombre, les balades et quelques triphoperies servent de vecteur idéal pour la force, une fois de plus, des compositions de Martin Gore. La production de Simenon apporte une caresse plus groovy sur l'ensemble des titres. Un soin particulier est apporté à l'image qui accompagne cette sortie, tant dans le livret de l'album avec à nouveau de superbes clichés d'Anton Corbijn que dans les clips. En 1997, le monde de la musique se consomme encore sur du solide, du tangible, du plastique aussi. La vraie force de cet album repose sur le titre d'ouverture « Barrel of a gun », un classique instantané, puissant, rock, dur et sombre. Il laisse présager une douce folie, après les abus du Song of Faith and Devotion précédent. Très vite, la griffe Bomb the Bass va s'accrocher partout, on échappe au dérapage formaté par la force des compositions (vraiment à son affaire Martin Gore) et l'utilisation d'une instrumentation riche. Ultra est probablement, l'album le plus orchestré du combo.



Véritable Who's who de l'intelligensia rock, on retrouve à la basse Doug Wimbish de Living Colour, Keith Leblanc, batteur au sein de Little Axe (Wimbish est à la basse), Jaki Liebezeit de Can, BJ Cole un guitariste anglais qui a joué e.a avec T-Rex, Bjork et Syd Barrett (!) et Dave Clayton (ABC – Look of Love!) qui assure les claviers et dont le chemin a croisé ceux de Simply Red, Bob Marley, Sinead O'Connor, U2, INXS, Marc Almond ou encore Robbie Williams. Les arrangements, notamment sur le sublime « Home » sont vraiment marquants.


"Barrel of Gun"
Au final, Ultra, est l'album studio rêvé pour DM, un contre-pied non fait aux années 101 et au Rock Show de la tournée précédente. Malgré ses qualités, l'album est un cran en dessous de l'intouchable Violator. Au fil des écoutes, on baigne dans un confort favorable mais le désir d'être heurté par l'enthousiasmant « Barrel of Gun » s'estompe pour un penchant appuyé sur une musique d'ambiance, une musique de l'air du temps. Un album de rédemption.


Tracklist : Barrel of a gun - The love thieves - Home - It's no good - Uslink - Useless - Sister of night - Jazz thieves- Freestate - The bottom line - Insight - Junior Painkiller (plage cachée)

Album de la Semaine : Shannon Wright - In Film Sound


Shannon Wright

In Film Sound



Interview de Shannon Wright, par Isa d'Alter1fo


Alter1fo : Un an seulement, entre la sortie d’ Honeybee Girls et ce nouvel album. Pourquoi ?
Shannon Wright : Je ne sais pas… J’ai juste commencé à écrire des chansons… Et simplement décidé de sortir un nouvel album.
Ça s’est passé naturellement. Ce n’était pas vraiment planifié…
Vouliez-vous faire quelque chose de particulier avec ce nouvel album ou bien est-ce que simplement, vous aviez des chansons et vous avez voulu les enregistrer ?
Oui, c’est ça. Dans tous les albums que je fais, ça se passe comme ça. Il n’y a jamais de concept. (…) C’est ce qui vient naturellement qui se retrouve sur le disque
Vous avez parfois une manière différente d’utiliser les sons. Je pense à des chansons comme Father, ou à la fin d’In the Needle, sur le dernier album.
En fait, j’ai enregistré Father il y a plusieurs années… C’est un bonus sur un disque sorti au Japon.
Je voulais faire une autre version. Je ne suis pas vraiment sûre…
Vous savez quand vous êtes en studio, vous essayez des choses. Si ça vous plaît, vous le gardez…
Et pour l’autre chanson, In the needle…  La voix qu’on entend…  C’est celle d’une amie qui est décédée.
En fait c’est une chanson sur elle.
Je pensais que c’était bien d’avoir sa voix sur le disque. (…)
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-16Qu’est-ce que vous aimez quand vous êtes en studio ?
En studio, je me sens impliquée dans tout le processus.
Andy [Baker, dont on reparle juste après] et moi, nous sommes très proches. Il sait exactement ce que je cherche et souvent, l’ambiance des enregistrements est très détendue. Même si au moment des prises, quand je suis en train de jouer dans le studio, c’est toujours très sérieux.
Mais quand je ne joue pas, on s’amuse vraiment…
C’est à la fois lourd, et léger. Les deux en même temps…
J’ai lu dans une ancienne interview que vous entendiez tous les instruments dans votre tête avant d’écrire une chanson. Est ce que c’est vrai ? Comment est-ce que vous composez ?
Je commence au piano ou à la guitare. C’est toujours le point de départ. Et quand je développe la chanson, je commence à entendre tout le reste, la mélodie, les différentes pistes…
J’ai comme une image de ce que va être la chanson. (…) Je ne peux écrire les paroles qu’en dernier. Je n’ai jamais été quelqu’un qui commence par écrire les paroles…
Je vois une sorte de paysage dans ma tête. J’ai seulement le « sentiment » de ce que sera la chanson.
Vos textes s’apparentent à de la poésie. Est-ce que c’est quelque chose que vous recherchez ? D’où vient votre inspiration ?
Shannon Wright @ Antipode 2010Je ne sais pas…
J’ai l’impression que ces dernières années, j’ai un peu simplifié les paroles. Je ne connais pas grand chose à la poésie, ce genre de choses, vous savez… Je veux juste exprimer quelque chose que je ressens… Quelque chose qui puisse faire écho dans la vie d’autres personnes, parce que c’est similaire à ce qui leur arrive…
Je sais que d’autres artistes disent :  « C’est mon histoire ».
Je ne suis pas comme ça. Je pense à tout le monde.  A moi. Au fait qu’on soit tous reliés. C’est ce qui ressort dans les paroles, dans les chansons. C’est une façon de communiquer.
J’ai toujours été plutôt timide… C’est une façon de rentrer en contact avec les autres.
Il y a aussi beaucoup d’amour là-dedans…
Ça s’entend, je crois...
Home JAZZMASTERJ’ai eu l’impression que ce nouvel album était aussi comme une sorte d’hommage au hardcore de Washington DC. A cause du disque de Black Flag sur la pochette, mais aussi à cause de la chanson Fractured, qui est complètement  incroyable.
Oh…  Merci.
Est-ce que c’est quelque chose d’important pour vous ?
En fait, cette photo, c’ est juste une photo de ma maison. C’est la pièce où je fais de la musique.
Ce disque de Black Flag est sur ma table depuis des années. Je n’y ai pas vraiment fait attention. J’ai tout laissé tel quel.
C’est vrai que c’est très personnel de mettre une photo de chez soi sur une pochette d’album. Mais j’ai simplement pensé que c’était une autre manière de communiquer avec les gens.
En réalité, ce disque, c’est plutôt un hommage à un de mes proches, qui a eu un cancer récemment.
Lorsque que quelqu’un de proche est malade, ou qu’il lui arrive quelque chose, vous pouvez vous sentir en colère, perturbé ou triste… ou… Et j’ai vraiment l’impression que cet album tourne autour de toutes ces émotions, de comment on vit avec tout ça… Surtout lorsque c’est quelqu’un de proche qui souffre. C’est de ça dont il est vraiment question dans l’album.
Merci. (silence)
Parlons un peu de la scène maintenant. Vous voir en live est une expérience bouleversante.
(Touchée) Oh…  Merci.
Comment abordez-vous la scène ? Vous êtes comme une tornade…
Pardon ?
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-21
Une tornade (je mime le tourbillon avec force bruitages)
Oh, a tornado (rires)
Être sur scène, c’est vraiment ce que je préfère. J’adore enregistrer, être en studio, j’aime vraiment écrire des chansons… Mais vous savez, quand j’étais petite, et que j’allais voir un groupe, un groupe que j’aimais vraiment, j’adorais ce sentiment d’être dans un endroit où tout le monde vivait un moment à part, ensemble.
C’est seulement une heure dans votre vie, mais vous pouvez vous en souvenir…  Et penser : « wah, c’était vraiment…». Ce sentiment m’a marquée…
C’est la même chose pour moi quand je suis sur scène. Quand je joue, j’essaie d’être complètement honnête avec moi-même et avec le public. Ce n’est pas seulement moi, sur scène, et le public qui écoute. C’’est nous, tous ensemble. On fait corps. On est tous connectés.
Je ne peux pas vraiment expliquer ce que je fais sur scène ou pourquoi je le fais… Même, quand le groupe me dit : « wah, tu as fait ce truc  au concert hier soir… » , je ne veux pas l’entendre… Je ne veux pas le savoir ! (rires) C’est trop bizarre.
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-36
On vous a vue à Saint Nazaire il y a dix jours, et c’était un excellent concert.
Merci. (…)
Sur scène, il y avait une diapositive projetée derrière vous. De quoi s’agit-il ?
C’est simplement une vieille photo de Floride, c’est de là que je viens. J’aime beaucoup cette image. C’est un souvenir de quand je vivais là-bas. Voilà une autre chose personnelle.
C’est un peu un morceau de chez vous sur scène…
Je ne vis plus là bas, maintenant. Mais, oui…
Pouvez-vous nous parler des musiciens qui vous accompagnent sur scène.
Le bassiste, c’est mon ami Andy. Il a enregistré presque tous mes albums, sauf celui que j’ai fait avec Steve Albini.
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-38
Over the sun
Oui, mais en réalité, Steve Albini a aussi enregistré quelques morceaux sur Maps of Tacits et Dyed in the wool, mais Andy était là lui aussi. Andy est quelqu’un de formidable. Il joue aussi de la basse sur le nouvel album. C’est bon de l’avoir avec moi sur scène…
C’est plutôt rare parce qu’il est ingénieur du son, donc il est souvent très pris…Et pour lui, qui passe tout son temps en studio, cette tournée, c’est une sorte de break. C’est un très bon bassiste et c’est bien qu’il soit là avec nous.
Mike, lui,  vient d’Athens en Georgie. On est devenu ami et maintenant, il m’accompagne à la batterie.
On a fait une interview de Yann Tiersen cet été. Il nous expliquait à quel point votre travail ensemble avait été important pour lui. On a parlé de la différence entre la musique électrique ou acoustique, entre autre, et il nous disait que les gens comme vous montraient que les deux n’étaient pas antinomiques.
J’aime toutes les sortes de musiques. Du moment qu’elles sont honnêtes. Qu’on peut s’y identifier.
Lorsqu’on sait que l’artiste est sincère, même s’il est très différent de vous. Peu importe le style, que ce soit de l’électronique ou autre chose, on peut toujours voir si la démarche est sincère, si les gens sont honnêtes et que ce qu’ils font vient vraiment du cœur. Peu importent les « textures », les instruments utilisés…
C’était vraiment bien pour moi aussi de travailler avec Yann.
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-29On s’est rencontré. On a dîné chez lui. On est très timide tous les deux. C’était étrange… Et on a commencé à parler de musique et à écouter des disques. On était vraiment sur la même longueur d’ondes. C’était vraiment simple. Alors on s’est dit que ce serait bien de faire de la musique ensemble.
On s’est mis à écrire tous les jours. C’était vraiment dingue. On pensait aux mêmes choses en même temps.  » J’ai une idée… Si on mettait ça là ? ». Et l’autre disait aussitôt, que ce soit Yann ou moi, et c’est ça qui était génial : « oh mon Dieu, c’est exactement ce que je pensais ! »
C’était une expérience incroyable. On enregistrait toute la journée. Puis je retournais dans cet appartement, et j’écrivais les paroles jusqu’à six heures du matin. J’étais épuisée !
Je suis très fière de ce disque. Même si c’est ironique de penser que tous ses fans pensent que Yann a écrit toute la musique et même les paroles, parce qu’il est tellement énorme !
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-42
Vous avez aussi travaillé avec certains membres de Rachel’s, Alan Sparhawk de Low ou Joey Burns de Calexico. Pensez-vous travailler de nouveau avec eux ou avec d’autres musiciens que vous appréciez ?
En fait, ces musiciens étaient tous sur mon label, à Chicago,Touch and Go. C’était comme une grande famille. Tous les groupes s’entraidaient. On tournait ensemble. On est devenu vraiment amis… Ça a bien fonctionné parce qu’on était très proche.
Ça ne m’intéresse pas vraiment de travailler avec des personnes que je ne connais pas. Excepté pour Yann avec qui il y a eu une vraie rencontre. C’est très intime et il faut pouvoir faire confiance à l’autre. Ça doit se faire naturellement.
Maintenant deux questions pièges mais importantes pour nous :
everybodyknows- Neil Young albumPouvez-vous nous donner 3 disques sans lesquels vous ne pourriez vivre ?
(Sérieuse). Neil Young, définitivement. C’est mon artiste préféré depuis tellement d’années. Il a fait tellement de disques. Tous ses albums sont vraiment formidables,  toujours différents. C’est inspirant.
Donc, Everybody knows this is nowhere, Neil Young.
Oh, c’est vraiment dur. (Soupir concentré)
Le disque live d’Ella Fitzerald, enregistré dans les années 50. Je l’aime énormément et je l’écoute depuis des années.
… Un long moment de nouveau, puis elle conclut : Et à peu près tout de Led Zeppelin. Vraiment… J’adore Led Zeppelin…
Neil Young et Led Zeppelin, oui, c’est du rock classique, mais ce sont des musiciens et des compositeurs tellement formidables.(embêtée) Je sais que ça ne paraît pas très excitant…
Si, si ! Ça nous convient parfaitement… (rires)
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-31La deuxième, plus difficile encore. Pourquoi est-ce que vous faites de la musique ?
(De nouveau très sérieuse) Woo…
Pour plein de raisons, je crois…. (silence) C’est une tellement belle façon de s’exprimer et de communiquer avec les autres.
(silence) J’aime la musique…  Je ne sais pas. Je crois que c’est quelque chose… Je ne pourrais pas vivre sans… (Sa voix se voile)C’est vraiment ça. C’est quelque chose en moi… Je dois vivre avec.
La tournée s’achève ce soir. Quels sont vos projets pour la suite ?
J’ai un concert prévu à Atlanta où je n’ai pas joué depuis longtemps. Ça va être vraiment bien !
Mmm…Et puis…  Je n’ai pas l’habitude de planifier. Les choses arrivent naturellement…
Je ne ferai peut être pas d’autre disque, qui sait ? Après Let in the light, je pensais que je n’allais pas faire d’autre album, et finalement, j’en ai fait deux depuis…
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C’est mieux pour nous !
(rires) A ce moment-là, je disais que je n’allais pas faire d’autre album. Que je n’allais plus faire de tournée.
Et c’est comme si ça me dépassait… J’ai toutes ces chansons qui continuent d’arriver… Toutes ces choses que je veux exprimer…
J’ai dit à tout le monde sur cette tournée que c’était la dernière.
Non, non !
(rires) Et les autres disent : (elle prend le ton de ceux à qui on ne la fait plus) « oui, oui, c’est ça… »
On verra après ce soir.
Je suis plutôt triste ce soir, à cause de ça. Est-ce que ça va vraiment me manquer, qui sait ? C’est comme une rupture, une rupture amoureuse, vous savez (elle mime l’indécision d’un couple qui se sépare) : « Je ne sais pas si je dois le faire. J’ai envie de rester, mais j’ai envie d’arrêter… »
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Voir Shannon si timide mimer différentes voix détend ces propos doux-amers et l’interview s’achève dans les rires.
On demande hors micro quand l’épisode de Burn To Shine sur Atlanta avec un morceau de Shannon live sera enfin .
Burn to shine est une série incroyable tournée par Christoph Green et Brendan Canty de Fugazi. Le concept est simple : les réalisateurs choisissent une maison qui va être détruite dans une certaine ville et demandent aux groupes locaux d’y jouer une chanson live. Tous les groupes s’y produisent à la suite dans la même pièce le même jour. Chaque épisode se termine avec les images de la destruction de la maison. Pour le moment, 6 épisodes ont été tournés – Chicago, Washington DC, Portland, Seattle, Louisville et Atlanta – mais 4 seulement sont sortis.
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-37Elle nous explique le tournage, les jouets d’enfants sur le sol et ce sentiment glauque vis à vis de ce qui avait peut-être pu se passer dans cette maison. Le DVD est cependant toujours en attente de fonds suffisants pour pouvoir être commercialisé (tout comme d’ailleurs l’épisode sur Louisville).
On la laisse alors regagner sa loge, toutes émues du moment qu’on vient de vivre. Elle nous remercie longuement. Nous aussi. On lui souhaite bonne chance pour le concert de ce soir. Elle touche alors le bois de la porte des deux mains pour se porter bonheur. On sait bien que tout le monde peinera à le croire, tellement la jeune femme est impressionnante sur scène. Et pourtant ses mains sur le bois ne sont pas une coquetterie. En se retournant, elle nous adresse un dernier grand sourire :
« See You Later… »


Label :
Vicious Circle

Tracklist :
1. Noise Parade 
2. The Caustic Light 
3. Tax The Patients 
4. Who’s Sorry Now ? 
5. Bleed 
6. Mire 
7. Captive to Nowhere 
8. Surely, they’ll Tear it Down 
9. Mason & Hamlin