Interview de Zola Jesus
Quelle impression avez-vous de votre nouveau disque, Conatus ?
Plutôt bonne. Mais je suis nerveuse, parce que c’est mon disque le plus personnel. Je ne suis pas certaine d’être prête à ce que le monde entier l’écoute… C’est le genre de disque qui exige beaucoup de vous, qui est très brut. Auparavant, je dressais des murs et là, je les ai abattus. Quand vous écoutez ce disque, c’est comme si vous me faisiez face. Ou que vous étiez à l’intérieur de moi. C’est un peu intimidant pour moi.
Qu’avez-vous changé ?
Quasiment tout. Mais cela sonne encore comme Zola Jesus. Et ma musique aura toujours le son de Zola Jesus. Mais je voulais tout renverser, j’ai largué toutes mes habitudes et mon confort d’écriture. Je voulais un disque qui m’expose. Parce que je n’y suis pas habituée. Lorsqu’on sort des habitudes, on apprend beaucoup de choses sur soi…
Le disque précédent, Stridulum, était un succès et vous a fait connaître. Ressentiez-vous de la pression en faisant celui-ci ?
Ma musique change constamment et il est important de changer en permanence, d’évoluer. Il faut se lancer des défis. Ce que peu de groupes contemporains font désormais, par peur de perdre leur public, qui est, au départ, très réduit… Avec ce disque, je savais que je ferais quelque chose de vraiment différent. Je savais que je ne pouvais pas me répéter. J’ignore ce que les gens vont en penser, mais je crois en mon instinct.
Votre musique est plus électronique qu’auparavant.
La musique électronique me plait parce qu’elle peut être tout aussi humaine que robotique. En composant ce nouvel album, je voulais avoir les rythmes les plus inhumains possibles, alors qu’auparavant mes rythmes étaient très tribaux.
La musique du passé vous inspire-t-elle ?
Je n’en sais rien. C’est sans doute inconscient. Je ne réalisais pas à quel point je voulais sur cet album retrouver le son des cordes d’Eleanor Rigby des Beatles, un morceau que j’adore depuis toujours, avant d’avoir eu à expliquer le son que je voulais aux musiciens. Je crois que l’on peut absorber des choses, qu’on apprend en faisant et en observant, sans se rendre compte explicitement des influences.
Vos précédents disques ?
C’est étrange de les écouter à nouveau. J’ai tellement grandi depuis… Ce sont des témoignages de mon évolution et je ne pourrais pas y revenir, je ne pourrais pas les refaire. Mon premier album, The Spoils, est très expérimental, mais avec une sensibilité pop, qui était enfouie sous le bruit, les vagues de son, les textures, le chaos. Pour le suivant, Stridulum, j’ai voulu retirer tout cela pour faire des chansons primales, simples, immenses. Pour Conatus, même si le son de The Spoils peut me manquer, j’ai tenté de raffiner mes chansons plus encore que sur Stridulum. Je pourrais facilement refaire The Spoils, que j’avais enregistré en une semaine.Mais je n’en ai pas envie, ce serait trop simple, ce ne serait plus naturel. Conatus m’a pris cinq mois, il est bien plus sophistiqué.
Label
Sacred Bones Record
Tracklist
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Side B: |
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