Histoire d’une ascension fulgurante.
En mars 1995, le trio bitterois se produit lors d’une Peel
Session sur la première chaîne radio de la BBC. John Peel a vu le trio durant
les Transmusicales de l’année précédente et il est conquis. Les syncopes rythmiques du groupe font
mouche. Il est d’ailleurs l’un des rares groupes rock à avoir assimilé des
structures hip-hop dans sa musique entre Punk et groove froid. Ensuite, comme le prouve ce premier album,
le groupe construit pas à pas un vrai univers dédié à la fée électricité. Cette année-là, Steve Albini himself prend en
charge ce premier grand format et invite le groupe sur les routes en ouverture
de Shellac. La frange alternative, au
mieux de sa forme, ouvre grandes les portes de la reconnaissance au jeune groupe
et PJ Harvey ne s’y trompe pas en offrant une première partie à Londres.
L’histoire de Sloy repose sur la mythologie bien connue des
groupes rock. Des jeunes passionnés de musique se rencontrent et décident de
monter un groupe avec comme singularité, l’idée monomaniaque de provoquer la rencontre
entre Talking Heads et Public Enemy.
Béziers, l’accueil est plutôt froid, qu’à cela ne tienne, ils embarquent
dans un van pour rallier Rennes où la vigueur locale pour les défricheurs est bien
plus présente (de Daho à Tagada Jones en passant par Marquis de Sade, pour les
plus notables – mais combien d’autres !). Le groupe enregistre un premier
4 titres Fuse où tout est déjà dit dans ce que proposera le groupe par la
suite. Les portes des Trans s’ouvrent et
les mènes jusqu’à cette fameuse année 1995.
Plug est enregistré en 5 jours, pas un de plus. Il comporte
10 titres pour 40 minutes. Le propos est concis. Dès les premières mesures de
« First Animal », on comprend que nous avons à faire à une entité
bien à part. La vague chicagoanne a beau
lever de nombreux remous – les écoles Touch & Go et Amphetamine Reptile -,
le groupe œuvre bien dans une démarche assez unique. Leur musique sera
résolument sèche et brute.
Impossible d’aborder Plug sans s’arrêter sur le
phénomène « Pop ». LE single tueur par excellence, une pure merveille
de précision et de jusqu’au boutisme. Pour trouver aussi sec et dense, il faut
remonter jusqu’au « I wanna be your dog » de l’iguane et ses Stooges…
en 1969.
Etrangement c’est le label Roadrunner qui va
distribuer l’opus, en France et dans le
Bénélux avant de pousser les frontières. Avec le recul, le groupe n’est pas
satisfait du label métal, les autres albums sortiront chez PIAS. Etrangement, pas de traces de Touch & Go
ou Amrep pour prendre en considération le groupe. Un élément important dans la
carrière du groupe. Nous sommes en droit de nous demander ce qu’il serait
advenu de la trajectoire du groupe, si un label concerné s’était penché sur le
groupe. Si le groupe bénéficie toujours d’un statut de groupe culte auprès d’une
poignée de passionnés - les mêmes qui
veulent revoir Drive Blind, A Subtle
Plague, Virago et Portobello Bones (+ cARN pour ma part) - ; nous sommes
en droit d’estimer que les labels qui ont hébergé Sloy successivement n’ont pas assuré une reconnaissance
méritée au groupe, notamment à en vouloir les comparer (les vendre) au (comme) Jesus Lizard
frenchie. Une étiquette aisée à défendre pour l’époque, mais tellement éloignée
de la vérité.
Plug accuse 17 ans cette année, à l’instar des autres albums
du trio, l’album apparaît toujours comme un bloc monolithique, monothématique…
pour beaucoup, cet album est le meilleur du groupe. Tous cherchent le « Pop » dans les
albums suivants. Sloy est bien plus qu’un groupe de single, leur « dog »
à eux, implacable d’efficacité ne doit pas cacher l’œuvre totalitaire du combo,
le définitif Planet of Tubes et l’introspectif Electrelite se suffisent à eux-mêmes.
Virginie, Cyril et Armand ne cherchent d’ailleurs pas à copier leur passé avec
leurs nouveaux projets respectifs, ils choisissent des chemins différents. Reste 3 albums à (re)découvrir, une poignée de singles introuvables et pour
ma part, cette délicieuse folie entre passion électrique et énergie pure que le
trio dégageait lors des concerts.
Tracklist :
First Animal – Pop – Game – Exactly – Many things (to wear) – X –Devotion – Old
Faces – My Flies –Bad News – You Cry