Amis du Didgeridoo, des cavalcades de manches (de guitares),
des voix fortes et suraiguës des icônes (e-connes) possédées, cet album
représente plus ou moins tout ce qui peut vous faire peur ou vomir puisque vous
êtes fragiles des intestins. Trop de
sucreries, tue le transit, c’est bien connu.
Geography sort en 1982, nous sommes en pleine période froide,
la pop mondiale est traumatisée par la noirceur de Pornography, les sons
abrupts d’A Broken Frame et la belle concentration apportée par New Gold Dream.
Les anglais tiennent le haut du pavé depuis 20 ans (Love me do, m’voyez…). Et
ce premier jet proposé par les belges est tout bonnement aussi ultime qu’inattendu.
Non que Geography soit le meilleur album du groupe… encore qu’il figure dans le
top 3 de la plupart des suiveurs, mais les compositions proposées marquent le
coup, durablement.
30 ans plus tard, nous sommes toujours interpellés par cette
précision clinique qui fera la marque de fabrique du groupe. Le soin apporté
aux rythmiques est chirurgical et le bistouri n’en finit pas de triturer les
sons. À l’explosivité d’un Einstürzende Neubauten, les belges choisissent une
certaine concision, tout dans ce disque est découpé-recoupé, ce traitement
particulier est dû à l’utilisation de machines plutôt rudimentaire, de collages
malins des bandes audio. Ils n’ont peut-être pas les moyens de leurs envies de
l’époque, ils ont mieux, la créativité.
Au programme de ces presque 45 minutes de musique, des
rythmes hachés, des voix déshumanisés, des synthés qui brûlent, surtout pas de
guitares (jamais) et des percussions sur +/- tout ce qui peux faire office de
support. Le disque est forcément minimaliste sans être miséreux. L’inventivité
au pouvoir, toujours.
Dans les titres remarquables, « Operating tracks »,
qui ouvre l’album, contient un sample du film THX 1138 de Stanley Kubrick
(1971) de même que dans le titre « GVDT ». « Kampfbereit »
est un titre emblématique dans une droite de ligne de ce que pouvait produire
un groupe comme Joy Division. « U-Men » est un classique du
groupe. Et que dire de la trilogie
finale « Ethics », « Principles » et «Body to Body ».
Geography ouvre une voie vers l’utilisation de l’échantillonnage et la
répétition des rythmes que l’on retrouvera plus tard dans la musique électronique
ou le hip-hop.
réédition 2004 (Alfa-Matrix)
Le groupe va très vite construire un monde à l’image des idées
qu’ils développent dans leurs morceaux. Rien n’est laissé au hasard, très vite
un soin particulier est apporté aux pochettes d’albums, à leur communication et
leur présence sur scène s’accompagne très vite d’une vraie organisation entre
décor et lights show. Il suffit d’aller faire un tour sur leur site, pour s’en
rendre compte.
Plus de trente ans après ses débuts, le groupe d’Aarschot
compte toujours durablement (l’influence de l’influence !). De nombreuses
formations de Ministry à Prodigy en passant par The Young Gods, Derrick May,
Faithless, Nine Inch Nails, Billy Corgan (sic), Saul Williams ou Death Grips témoignent de l’héritage de la musique de
Front 242 dans les musiques actuelles.
Tracklist: Operating tracks - With your cries - Art + Stratégy - Geography II - U-Men - Dialogues - Least Inkling - GVDT - Geography I - Black White Blue - Kinetics - Kampfbereit - Ethics- Principles- Body to Body
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