Emission radio. Live les Dimanches de 20h à 22h sur le 95 fm (RQC- radio locale Mouscron-Kortrijk- Lille Métropole).

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Pataugeage dans toutes les mares ! (Rock, Electro, Jazz, Hip-Hop, leurs dérivés connus, inconnus ou oubliés)

Tous les Canards vont à la Mare est une réalisation produite par Animation Média Picardie.

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dimanche 19 février 2017

Album de la Semaine : Poni Hoax - Tropical Suite

Poni Hoax
Tropical Suite



Interview de Poni Hoax, par Anne Tandonnet de Le Petit Journal

Nicolas Ker, l’interprète d’origine Khmer, se réveille et nous rejoignons les autres dans le resto d’à côté. L’atmosphère est détendue. Ça parle joyeusement de musique. Vincent, le batteur et boute-en-train du groupe, m’explique très sérieusement qu’il est certain que la barbe – comme celle qu’il arbore fièrement -  va revenir à la mode incessamment sous peu : « Aux States, par exemple, les mecs s’épilent car ils trouvent ça crade de ne pas le faire. Ils travaillent leur poils quoi ! ».
Je ne résiste pas à l’envie de lui demander s’il travaille sa barbe lui aussi : « D’ailleurs je trouve que tu as l’air d’un hipster … »
Il est outré : « Ah bon ? Sérieux ? Merde…mais pourtant j’habite en banlieue…Mais non regarde, ma barbe n’est pas travaillée!...je pensais que j’avais plutôt la tête d’un baroudeur…tu vois genre, je me prends pas la tête… »
[…]Je décide de sortir mon dictaphone discrètement alors que la conversation vient de dévier sur les grandes légendes qui ont marqué l’histoire du rock.
Vincent défend bec et ongle les Pink Floyd : « C’est LE groupe de rock qui a vraiment apporté quelque chose à la musique ! - Il s’adresse à Abib, leur manager – Toi tu me parles de Dire Straits, mais c’est de la soupe Dire Straits. Ça a super mal vieilli. C’est comme Shorter (Wayne Shorter, ndrl), moi ça me file le gourdin, ça me fout les poils ! Il aperçoit le dictaphone, se tourne vers moi très à l’aise et enchaîne : « Tu connais Weather Report ? »
Je lui réponds que non. Il m’explique que c’est un groupe de jazz/rock des années 70 : « Bon, déjà faut aimer le jazz/rock, c’est spécial. Le bassiste Jaco Pastorius s’est fait descendre à Miami à la sortie d’une boîte, il trainait dans la drogue… »
Abib, intervient alors et me demande en riant si je souhaite interviewer Vincent uniquement. Je lui explique que Le Petit Journal voudrait axer l’interview sur les origines Khmer de Nicolas par rapport au contexte politique actuel et le changement qui s’opère en ce moment au Cambodge. Autrement dit, Vincent sert seulement de distraction le temps que Nicolas reprenne des forces.



Entre 2 bouchées de riz, Nicolas m’explique très simplement qu’il a quitté le Cambodge en 1975 lorsqu’il avait 5 ans et que c’est la première fois qu’il y remet les pieds, après 37 ans.
Lepetitjournal.com/Cambodge : As-tu encore des souvenirs de cette époque ?
Je ne me souviens plus de rien. Ma famille a été tuée et j’ai été rapatrié in extremis avec ma mère et ma sœur en France. Mon Grand-père, qui était le bras droit du Roi Sihanouk, a été l’un des premiers à se faire assassiner par Pol Pot.  En l’espace d’une nuit, j’ai oublié ma langue maternelle. J’ai fait un black out total de mes 5 premières années. Ma mère pensait que j’étais devenu fou. Elle est Khmer et en a beaucoup souffert. Mais pour être honnête je n’ai pas vraiment eu le temps de réaliser que j’étais de retour. Pendant des années j’ai évité de revenir pensant que ce serait un choc, et finalement me voilà…en concert c’est un autre contexte évidemment.
Tu serais prêt à travailler ici, de façon permanente ?
Oui, pourquoi pas. Je reviendrai bien une semaine, voire plus longtemps. Mais pour ne faire que de la musique. Je ne sais faire que ça d’ailleurs. D’ailleurs, la diaspora m’a contacté. Je dois les voir après le concert. Ils souhaitent créer un projet avec moi, en tant qu’interprète d’origine Khmer, mais je n’en sais pas plus. Il ne faut pas que je boive trop, ça fait désordre sinon, surtout au Cambodge.
Qu’est ce que tu as envie de dire à la nouvelle génération Khmer qui va assister au concert ?
En fait y’a la génération de ma mère qui a encaissé et qui ne veut absolument pas en reparler et y’a ma génération qui ne possède qu’une image manquante, autrement dit rien. On nous a enlevé les choses et nos aînés ne voulaient pas en parler. Le Cambodge a été mort pendant 30 ans à cause de ça. Et aujourd’hui t’as la jeune génération, dont les gamins du groupe qu’on vient de voir font partie (Underdogs, ndrl), qui n’ont pas connu cette souffrance. Et ça fait du bien de voir que le temps commence à effacer les traces.


Line Up :
Laurent Bardainne
Nicolas Ker
Nicolas Villebrun
Arnaud Roulin
Vincent Taeger

Label :
Pan European Recording

Tracklist :
01 – All the Girls
02 – The Music Never Dies
03 – The Wild
04 – Tropical Suite Sao Paulo
05 – Everything Is Real
06 – The Gun
07 – I Never Knew You Were You
08 – Tropical Suite Pattaya
09 – Lights Out
10 – Belladonna
11 – Who Are You
12 – Through the Halls of Shimmering Lights
13 – Tropical Suite




dimanche 12 février 2017

Album de la Semaine : Shannon Wright - Division

Shannon Wright
Division



Interview de Shannon Wright, par Justine L'Habitant de Sensation Rock (2015)

SR : Ton dernier album In Film Sound est plus corsé, plus sombre peut-être même plus noise que les précédents. En général avec le temps les groupes s’assagissent, mais toi tu fais l’inverse. Pourquoi ?
Shannon Wright : Je ne sais pas trop.  J’écris, et sur le moment c’est très naturel pour moi. Ça se fait naturellement, par rapport à ce que je ressens à ce moment-là. Je pense que j’aime beaucoup explorer différentes facettes. Je ne saurais pas expliquer exactement comment je procède pour travailler, mais ce qu’il y a de sûr c’est que malgré leurs différences, tous mes albums sont connectés, il y a un fil rouge qui les lie.
SR : Comment sera ton prochain disque ?
Je n’en ai aucune idée. Si, [rire]  je suis en train d’y réfléchir. Ça commence à faire son chemin dans ma tête. Pour le moment je ne sais pas encore exactement ce que je jouerai ni même ce que je chanterai, même si j’ai déjà quelques pistes. J’ai besoin que cela mûrisse encore. J’attends que ça me coupe la respiration avant de commencer.
SR : L’un de mes amis qui est fan, joue de la batterie et a vraiment un faible pour le jeu de Kyle Crabtree (drum),  lui et Todd Cook seront de la partie ?
C’est marrant que tu me poses cette question, parce que figure-toi qu’ils – Kyle Crabtree et Todd Cook – m’ont demandé la même chose il y a tout juste une semaine. Ils voulaient savoir si j’allais les laisser jouer avec moi à nouveau. [Rire]  j’ai trouvé ça adorable : Ils ont essayé de tâter le terrain en me demandant timidement  «  alors heu… on peut jouer avec toi pour ton prochain album ? ». [Rire]   Et j’ai dit oui, parce qu’ils sont adorables et que j’adore travailler avec eux.
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SR : À chacun de tes concerts j’entends des gens dire qu’ils ont les larmes aux yeux ou même pleuré… tellement il y a d’émotions dans ton chant et ta musique. Comment ça se passe pour toi sur scène ? Tu donnes tout chaque soir comme si c’était le dernier ?
Oui. Je crois que le plus important pour moi pendant un live, c’est d’établir une connexion avec mon public. Mais je ne parle pas beaucoup, je ne fais pas d’interventions entre mes chansons quand je suis sur scène, parce que ça ne semble pas naturel. Je donne tellement de moi-même pendant un live que je crois que cela n’est pas nécessaire.
Je ne suis pas dans la démonstration. Je ne fais pas le show. J’essaie d’être sincère, de donner le meilleur de moi-même lors du concert. Bien sûr, chaque soir est différent, et le concert dépend beaucoup de ma relation avec le public, mais j’essaie de créer une relation qui soit le plus intimiste possible en étant moi tout simplement. Je délivre mon concert comme un don de moi, une performance à mon public et je suis heureuse lorsque je suis sur scène, de faire ce don de moi.
SR : Tous ceux qui t’ont vue sur scène en redemandent ! Malgré ça, on connait mal ton parcours en France, comment as-tu commencé dans le monde de la musique ?
J’ai commencé à jouer dans un groupe, mais très vite nous nous sommes séparés. A ce moment-là j’ai failli arrêter la musique par ce que je n’aimais pas du tout le milieu, le côté « business » de l’industrie musicale.  Et puis je me suis mise à rejouer pour ma famille et mes amis. Et ils ont été très encourageants avec moi. Ils m’ont dit «  tu ne devrais pas arrêter la musique, tu devrais faire un album solo ».
Et c’est à ce moment-là que Touch and Go, un label américain indépendant très respectueux des artistes – qui a d’ailleurs signé des groupes incroyables – ont accepté de produire mon album solo. J’ai été très touchée et ça m’a donné le courage de lancer ma carrière.
Quant à ma carrière en France, j’ai commencé en faisant la première partie de Calexico. Et un soir, dans un club alors que je terminais de jouer, un représentant du label Vicious Circles est venu me trouver en me disant qu’il voulait absolument travailler avec moi. Ce qui m’a beaucoup touché. Et c’est la raison pour laquelle je travaille avec ce label-là en France.
SR : Tu tournes seule parfois ;  en l’occurrence ce soir ; est-ce que tu aimes l’expérience du live en solo et pourquoi ?
J’aime vraiment explorer les différentes possibilités qu’offre le live dans sa diversité : jouer en solo, en groupe, c’est à chaque fois une expérience que j’apprécie. Ce que j’aime lorsque je  joue en solo, c’est que c’est plus intimiste, mais j’adore également jouer en groupe, avec une batterie  parce que c’est plus rock’n roll. J’adore jouer du piano et de la guitare… En fait j’aime vraiment les deux, c’est indissociable pour moi : j’aime tous les aspects la musique.
SR : Est-ce que tu vis de la musique ?
Certaines années, c’est plus difficile. La musique, ce n’est pas un bon gagne-pain. [Rire] Je fais ce métier par amour de la musique. Mais ce n’est pas un milieu facile.
SR : Que penses-tu de la jeune génération du rock indépendant ? Est-ce que pour toi il y a des groupes qui prennent le relais ou à ton avis le rock va-t-il devenir une musique de vieux ? 
Non, je ne pense pas que le rock va disparaitre ou même devenir un truc de vieux. C’est tellement important, tellement essentiel. Peut-être pas pour tout le monde, mais particulièrement pour les jeunes, parce que le rock et la musique en général, permet d’être plus ouvert aux choses ; d’identifier, de comprendre et d’exprimer ce qu’on ressent. Notamment la colère et la tristesse. Et ça permet de grandir. Donc non, je suis persuadée que le rock ne s’éteindra pas.
SR : On te compare souvent à Pj Harvey. Peut-être parce que comme elle tu es une femme reconnue mondialement dans le monde du rock indépendant. Mais ne trouves-tu pas que ton style se rapproche plus de celui de la chanteuse/bassiste française Laetitia Sheriff ?
Oui, il s’avère que Laetitia Sheriff est une très bonne amie à moi. Elle a fait ma première partie en France lors d’une de mes tournées. J’ai même été sa batteuse fut un temps. Je l’ai d’ailleurs revue il y a quelques semaines. Je l’apprécie beaucoup. Et, effectivement je trouve que ce que fais PJ Harvey est très bien, mais que c’est un peu facile de nous comparer simplement parce que nous sommes des femmes et que nous faisons de la musique. Ça ne se résume pas à ça. [Rire]
SR : c’est en tant que musicienne toi-même, quelle est, selon toi,  la place occupée/laissée  pour les femmes dans le monde du rock aujourd’hui ? Est-ce que c’est plus dur pour une femme de faire de la musique aujourd’hui ?
Je ne pense pas que ce soit plus difficile de nos jours qu’auparavant. C’est un sujet compliqué pour moi. Par exemple je n’aime pas les festivals spécifiquement féminins, je trouve que c’est ostracisant. Ce que je souhaite c’est d’être considérée et respectée comme musicienne et non juste femme. De plus, je ne cherche pas à séduire sur scène, mais plutôt à être honnête et performante. Je n’adhère à cette idée que le rock est réservé aux hommes, ou qu’il faille mettre les femmes qui en font dans une case. J’exprime mon  féminisme en tant que musicienne en tentant de rester vraie, et authentique.
SR : Qu’est-ce qui tourne sur ta platine en ce moment ?
Ça dépend beaucoup de mon humeur. Je peux écouter du Schubert comme j’écoute le Groupe français Air. J’aime beaucoup aussi le groupe de hard rock Lightning bolt.


Label :
Vicious Circle

Tracklist :
01 – Division
02 – The Thirst
03 – Wayward
04 – Accidental
05 – Seemingly
06 – Soft Noise
07 – Iodine
08 – Lighthouse (Drag Us In)





dimanche 5 février 2017

Album de la Semaine : Moon Duo - Occult Architecture

Moon Duo
Occult Architecture



Interview de Moon Duo, par Aquarium Drunkard

Aquarium Drunkard: I really like Occult Architecture Vol. 1. What led you to divide this record into two halves? It might be a little reductionist to say one half represents a dark side and one a light side, but was that sort of the idea?
Ripley Johnson: Yeah. We had a lot of material, so it just sort of made sense to organize it that way. When we were making the record, the seasons were changing. We started in the winter and then we went into the summer. It was just sort of a natural way to organize the material. We didn’t want to do a double album, so it’s two separate albums, but they’re linked together. We wanted to create separation, because a double album is just a whole different beast. We didn’t want the record to be this giant release that people had to really commit to digesting. We wanted each half to stand on its own.

AD: As a band, you’re not afraid of asking for a little commitment in terms of your material. Why did didn’t you want to ask somebody to sit down to a double album?
Ripley Johnson: Part of it is that I think the double album has to be organized in a specific way so that it makes sense. We think about our records as records, as in vinyl. We think about side one and side two. I have a hard time with [buying] a new record and it’s clearly sequenced for CD or for digital and then dumped to vinyl and it doesn’t make any sense. It’s two or three records which don’t flow. But the classic double albums that are a lot of material to digest, they make sense in a certain way. Exile on Main St., Royal Trux’s Twin Infinitives, Physical Graffiti…they make sense and this was not gonna work that way.
Sanae Yamada: When we were developing the material and recording we kinda just realized we had these two different bodies of work, that we were making two records, but they were also part of the same larger pairing. Like twins or Something.

AD: At what point in the creative process did that idea occur to you guys?
Sanae Yamada: It was reasonably early on when…it just sort of became clear that we had a bunch of songs that kind of hung together in a heavier way. Then there were other songs that definitely felt like outliers to that. They had a different energy to them.
Ripley Johnson: The dark/light thing became apparent right away. That was conscious, and we wanted to do a darker record. When you do that, and you go through that process, it feels unbalanced in some way. Maybe if you’re a goth band or something that’s just your natural sort of mode, but we wanted to do something to balance it out. Almost to relieve ourselves in some way.

AD: There’s a conscious darkness to it to Volume 1, but it’s also super fun. “Creepin’” is a really a blast of a song. Do you guys sort of find that that’s a part of the appeal of darker aesthetics as well, that there’s sort of a thrilling, irreverent element to them?
Sanae Yamada: Sure. I don’t think we’re talking about darkness necessarily in terms of morbidity. We’re evoking subterranean atmospheres –- enclosed spaces and cave-like environments.
Ripley Johnson: We’ve been in Portland for about four years now but we lived in San Francisco for a long time before that. There’s no seasons there. There’s August, which is winter, and the rest is the same. So we really liked the seasons up here. We liked the winter — it’s dark, but it’s nice. We enjoy it. So there is a pleasure in the darkness. It’s not like, like Sanae said, a morbid thing. It’s another experience to explore. We’re not trying to sound “grim.”

AD: How does the occult play into these songs? There are references throughout — “Cult of Moloch,” “Will of the Devil” — but I get the sense the attraction is deeper than that.
Ripley Johnson: Yeah, it’s not like Satanism or anything like that. [That element] came about from just reading about different occult things, and just being sort of in that zone while we were working on the record. But yeah it’s more like a Nathaniel Hawthorne Young Goodman Brown vibe. The old religions, the idea of things that you can’t explain. It came from reading about that kind of stuff and being interested in that aspect of the time where people were trying to understand nature and they couldn’t, so they would just sort of make up things to sort of try to clarify what was going on in the world.
Sanae Yamada: I think a lot of the occult philosophy and hermetic philosophy and science [is driven by] trying to understand to reality from a very holistic point of view. Examining things in nature, examining patterns. In hermetic medicine…there was this whole idea of the unseen body that surrounds the physical body. In all of this are these central contrasts, opposites needing each other in order to exist. That kind of played into our playing with the idea of the dark album and the light album. These two entities balance each other, but that are also different from each other and they have a connection to natural cycles.


Line Up :
Ripley Johnson
Sanae Yamada
John Jeffrey

Label :
Sacred Bones Records

Tracklist :
01 – The Death Set
02 – Cold Fear
03 – Creepin’
04 – Cross-Town Fade
05 – Cult of Moloch
06 – Will of the Devil
07 – White Rose