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dimanche 5 février 2012

Album de la semaine : Dead Can Dance - Live Happenings Part I, II & III

Dead Can Dance - Live Happenings Part I, II & III


Interview de Dead Can Dance (de Sandra A. Garcia pour le magazine B-Side)

Hautain? Sombre? Vieux jeu? Gothique? Jamais de la vie!

Ils sont des âmes soeurs depuis longtemps, on le voit surtout dans leurs photos ensemble. Brendan continue à charrier Lisa pour qu’elle regarde la camera. Finalement il plaisante en disant que depuis que l’on a dit à Lisa qu’elle avait un beau profil, c’est tout ce que vous obtiendrez d’elle. Elle a aussi de beaux yeux bleus qui sont parfaits pour des œillades maléfiques à Brendan.
Tandis que le soleil plonge dans la mer je décide que nous devrions parler du brillant « Into The Labyrinth », le premier album complet offert par Dead Can Dance en trois ans. Je sais que nous allons abandonner le sujet très rapidement. Premièrement, ne croyez pas qu’ils n’ont travaillé que sur cet album pendant ces trois ans: ils étaient aussi occupés à des partitions pour le théâtre et des musiques de film. 
Brendan déclare: "Nous sommes très heureux de cet album, nous-mêmes. Cet album révèle la paix faite avec nous-mêmes, un reflet de nos vies."
Lisa hoche la tête vers Brendan, ajoutant: "Cela a à voir principalement avec toi, qui a pris la direction lors des premières scènes. Je préparais des choses pour l’orchestre, et Brendan travaillait sur les choses que nous voulions faire ensemble. Il voulait qu’elles soient percutantes; il voulait que l’on essaie quelque chose de différent."
Il reflète la joie que nous trouvons à conduire les choses de la vie: la compréhension; Lisa est mariée maintenant et a un petit enfant; cela a influencé le regard extérieur sur le monde, a apporté un optimisme plus grand," décrit-il. "Je suis très enraciné en Irlande, je vis ici depuis 5 ans. Je me sens bien ici, dans la campagne, en harmonie avec la nature. J’ai appris à pacifier mes relations avec les gens de la terre, qui sont directs et honnêtes."



"Lisa est retournée en Australie parce que sa mère est tombée malade. Cela entraîne la prise de conscience que ces gens vous sont très chers et que vous voulez être près d’eux. Alors j’ai emménagé ici, mais c’est transitoire. Ma famille est ici, alors au bout de la terre c’est avec eux que vous voulez être. Mais ça ne sera pas toujours ainsi. J’aime beaucoup l’Irlande; je m’y suis attachée."
Brendan est né en Angleterre, puis il a déménagé en Nouvelle-Zélande lorsqu’il était ado. Lisa est née en Australie, et leurs premiers voyages ensemble les ont conduit de l’Australie à l’Angleterre en 1982, jeunes amoureux cherchant leur destin. "Nous avons toujours eu la bougeotte. Nous avons décidé qu'il ne se passait rien en Australie il y a 12 ans, et Brendan ne savait pas ce qui allait nous arriver ici. Il avait de très fortes idées de ce qu’il voulait dire globalement dans son travail. Moi je ne savais pas à ce moment-là. J’étais juste heureuse de voyager, de voir du pays et de chanter, en fait. Mais c’est lui qui a eu la prémonition. Quand j’y repense j’étais incroyablement naïve à ce moment-là. Je le suivais simplement; il roulait sur le vélo devant et je le suivais..."
" Oh arrête; tu m’embarrasses!" l’interrompt Brendan en retombant comiquement dans sa chaise, balayant de la main les mots de Lisa.



Lisa lance un rire cristallin, s’exclamant, "Mais c’est vrai! J’avais seulement 20 ans et je ne savais pas ce qui arriverait ! je croyais vraiment en ce que nous faisions ensemble. C’était la chose la plus importante dans nos vies!"
"Je ne sais toujours pas, avec mon travail... Je sens toujours que c’est une force qui avance sans que je la contrôle! C’est quelque chose qui en est arrivé là et je suis assez chanceux que d’autres gens l’écoutent! Et qu’ils l’écoutent ou pas, je le ferais quand même. Cette série d’événements a pris sa direction grâce au tact avec lequel j’ai été engagée avec d’autres gens qui savaient vers quoi se diriger," explique-t-elle. "C’est aussi dû à ma rencontre avec Ivo, et que notre travail l’a intéressé. Parce qu’il y a beaucoup de gens qui vont à Londres avec leur travail dans les mains, comme nous, avec des idéaux par rapport à leur travail et c’est très dur."



Et c’est une chance que 4AD et Ivo aient trouvé ce duo, avant que quelqu’un d’autre ait zigouillé cette étincelle unique. "C’est ce qui nous a effrayés," admet Brendan. "La largeur actuelle des influences musicales que nous abordons est ce que nous considérons comme le spectre entier de Dead Can Dance, c’est son catalyseur. C’est très gênant pour une compagnie qui pense en termes de marketing."
" Cela a toujours été plutôt une amitié pour nous," explique Lisa. "ça n’a jamais été un cas de..." Elle s’interrompt pour s’exclamer, "C’est seulement maintenant que je réalise à quel point ça l’est, et à quel point il (Ivo) est différent. Quelqu’un m’a dit quelque chose hier , oh, ces grandes compagnies de disque, ne veulent pas être engagées avec quelqu’un qui ait un réel but artistique parce qu’ils sont trop problématiques! Ils veulent juste être engagés avec quelqu’un qu’ils peuvent manipuler.' Et cela a fait mouche! Vous réalisez que votre relation fragile avec le travail a été respectée. Nous apprécions vraiment cela."
" Cela mène à une situation dans laquelle l’artiste devient un esclave créatif," murmure Brendan. "C’est juste une folle contradiction avec ce que cela devrait être.
Les compagnies de disque sont aptes à découvrir le point faible de l’armure mentale d’un artiste. Là où ils ne sont pas confiants; comment pouvons-nous les contrôler à travers leurs peurs et leurs désirs les plus profonds?" Brendan déclare, "C’est comme l’Eglise de Scientologie! Ils entrent, disent qu’ils peuvent faire de toi quelqu’un de meilleur, puis ils commencent à te désorienter en te donnant beaucoup de marques d’affection."
Bien sûr, avec les compagnies de disque, c’est de l’affection et de l’argent.
" Oh oui! Ils trouvent des gens qui ont un centre vide, qui se sentent seuls et ont besoin de çà... quand ils trouvent cà, ils les attachent à eux. Ça devient une religion d’extorsion. C’est parasitaire," murmure Brendan.
Et pendant toutes ces années les Dead Can Dance sont toujours restés fidèles à eux-mêmes et à leur incroyable musique. C’est bien d’être capable d’avoir confiance en quelque chose maintenant que leur créativité est au sommet. "Nous avons toujours reconnus les dangers de çà. Nous voulons rester des gens complets; nous voulons être autonomes. Nous ne voulons pas sacrifier notre conscience pour la gloire et l’argent," Brendan rit doucement.
" C’est la différence entre l’endroit où nous vivons, et là où nous avons vécu. C’est tellement facile d’être séduit par l’ambiance d’un endroit comme celui-ci. C’est impossible d’être séduit par un endroit comme l’ Ile aux Chiens ou les endroits où nous jouons. Ils n’étaient pas attractifs," pointe Lisa avec force . "C’était super difficile de faire un concert ensemble là où nous étions, et les gens n’étaient pas communicatifs. Ils n’étaient pas réceptifs à ce que nous faisions. C’était un combat. Ce n’est pas comme ici où cela prend des proportions importantes; nous n’avons jamais obtenu çà. Ça arrive seulement maintenant, vous savez! Nous tenons bon sur ce petit bout de terre pour pouvoir survivre à l’expérience complète. Et heureusement le travail nous aidera à vivre cette expérience."
Nous sommes assez mûrs pour ne pas être affectés, heureusement... non, pas heureusement: cela ne sera pas," termine Lisa.
Ainsi Dead Can Dance a acquis son tempérament à travers son expérience. Lisa acquiesce, expliquant, "Ce que nous avons traversé ensemble en tant qu’êtres humains, cette relation, c’est ce qui a été important dans notre travail. Toutes ces pressions . Ca n’a pas été seulement une relation de travail, cela a été deux personnes qui ont expérimenté douze ans de leur vie ensemble, le travail étant partie intégrante de cela. Mais je ressens que les choses sont plus claires pour moi à travers 12, en fait 15 ans de travail. Les gens disent « Comment peux-tu dire çà ? » C’est parce que mon travail m’a permis de créer une sensitivité dans ma vie qui me permet de voir. Sinon je ne suis pas sensibilisée; je suis engourdie. Et si je travaille avec Brendan c’est grâce à Dieu ! parce que vous savez que cette personne a aussi du tempérament, a moulé son épée. Il a martelé le fer chaud de son existence en une forme tangible qui peut être lancée sur la terre et tenue fermement et dirigée, extatique et excitable. Ça ne retombe pas dans le névrosé, anxieux, stressé... Vous ne pouvez jamais séparer votre personnalité du travail."
"Ce travail n’a jamais existé à part de notre vie personnelle," ajoute Brendan . "Les gens grandissent et ont soudain des problèmes avec le principe que l’art est la vie et la vie est l’art, ce qui devrait être."

C’est pour çà que vous n’aimez pas Los Angeles, où l’art est le plus souvent un artifice. "Oh oui, exactement," acquiesce Brendan avec un sourire espiègle., "En fait, cette chaise n’est pas vraiment là, c’est une illusion. Une invention de votre imagination."
" Non, c’est un objet posé là par votre ennemi," déclare Lisa sur un ton dramatique. "C’est l’illusion optique ultime vous devez faire attention aux ennemis...soyez prudent," murmure-t-elle.
Le fait de mentionner l’ennemi rappelle avec nostalgie à Lisa avoir vu un jeune groupe entrer dans le bureau de 4AD un peu plus tôt. "Ils m’ont tellement rappelé Brendan et moi quand nous avons été chez 4AD à Londres. Et vous pensez, sacré nom de nom, vous avez tellement de chance d’être tombés ici! Vraiment, ils étaient si mignons, naturels et fragiles, et grâce à Dieu ils sont entrés là!
Et merci mon Dieu qu’ils ne soient pas entrés dans certaines usines comme...hum..."
Brendan la presse avec humour, "Des noms, des noms! Je veux des noms!"
"Méchant! D’accord...comme, disons, la Warner distributrice de 4AD aux USA". Par chance, Dead Can Dance peut se permettre le luxe d’avoir le gros W derrière eux plutôt qu’au-dessus. "En fait ils sont derrière Ivo... nous sommes éloignés d’eux," Lisa rit, admettant, "Je ne serais jamais capable de percevoir, et je sais que Brendan non plus, "oh, est-ce que ceci va se vendre?'" C’est comme une langue étrangère."
C’est comme quand vous entrez dans une maison et appelez, « Est-ce qu’il y a quelqu’un?'" dit Brendan en riant . “Mais ici encore, c’est dans la nature des compagnies multinationales. Vous vous rendez compte que cet album est sorti alors qu’il y en a 300 autres cette semaine. Woaw! Ce sont les moyens de la Warner. C’est effrayant."
Lisa en a le souffle coupé, "Je ne savais pas çà," en sirotant sa bière. "Mais j’espère que les gens commencent à chanter les éloges des groupes avec une âme vraie. "Ca a toujours été un contrat social en un sens, un truc à la Rousseau. Ce sont ces gens qui ne changent pas les choses. Vous avez des groupes qui sortent toujours le même produit, puis les gens s’en lassent et veulent du changement. Malheureusement ça prend une longue période de stagnation avant que vous ayez envie de changer à l’intérieur de la société. On pourrait appeler çà un cycle de 10 ans," explique Brendan.
" C’est aussi le fait que ce n’est pas comme s' ils pouvaient contrôler ce que les gens écoutent maintenant. Je veux dire, dans les années 50, nous n’aurions pas pu écouter la musique des pygmées. Maintenant nous avons ce choix incroyable de musiques à écouter," dit Lisa.





" Si vous écoutiez les pygmées vous auriez un prêtre qui viendrait à votre porte, disant « Nous pouvons vous sauver, il n’est pas trop tard!'" dit Brendan en riant .
" Exactement!" ajoute Lisa. "Il y a toutes ces crises morales! Maintenant les gens ont le choix, et peuvent s’identifier avec quelque chose avec lequel ils peuvent se sentir intimes. Je pense que c’est salutaire."
" Il y a aussi ce lien étrange avec les cultures d’Europe de l’Ouest. Chaque fois que quelque chose meurt, il y a ce sens de la préservation: préservation de la faune animale, préservation des sociétés, des forêts tropicales. Il y a cette zone dangereuse avant que les gens disent vraiment « ça suffit, nous devons nous arrêter:" raisonne Brendan. "Et à présent il en résulte une conscience de ces musiques et cette culture."

Et cela se reflète dans cet album émouvant. Nous en arrivons à ce qui fait de Dead Can Dance un groupe vraiment unique: leurs facultés de perceptions, pas seulement leur histoire. Et au-delà du propos de paix d’ Into the Labyrinth, il y a aussi de la colère à propos de l’abus des cultures du monde et de l’érosion de l’instinct tribal. "Tell Me About The Forest" parle de ça," dit Brendan, “il s’agit de l’observation de l’érosion actuelle des cultures et des gens, les gens ruraux sur la planète, qui voient l’émigration comme une clé de la culture du monde, tous les mécanismes capitalistes qui éloignent les gens de leur spiritualité, de leurs racines. C’est le positivisme de la demande, "peux-tu me dire d’où tu viens:" murmure-t-il. "C’est étrange. Parce qu’en Amérique il y a un tel mélange de cultures Européennes, et cette histoire me fascine. Et cela m’a étonné qu’il y ait un tel rejet de là où les gens viennent, pour soucrire au concept du rêve américain. Vous pouvez changer, et c’est toute la part de cet idéal de modernité dans lequel vous devez vous efforcer à cette destinée dans le futur, et tout œuvre vers cette linéarité: modernisme, science occidentale, la technologie est notre sauveur, c’est la tête de Dieu. C’est à cela qu’ils travaillent. Mais quand vous avez côtoyé les gens et leurs anciennes traditions, vous comprenez alors que les cultures suivent un chemin circulaire, un cercle, le temps : il va et vient. Les religions sont réincarnées, elles ne sont pas dans une ligne droite vers le paradis ou vers l’enferl. Nous sommes devenus une part de ce cosmos, et nous tournons et nous dressons comme des êtres vivants... nous redevenons capables de respecter les choses qui nous ont conduits là."
Brendan, le respect est la clé. Respect de la culture de vos ancêtres... beaucoup trop de gens sont embarrassés par leurs différences. Pourquoi tant de gens changent-ils de nom?
" Je trouve çà bizarre aux USA, ce contraste, cette dynamique entre le rêve américain et le passé des cultures rompues, des gens déracinés qui viennent ici," dit Brendan.
Lisa prend au vol la pensée de Brendan. "Les gens ne sont pas contents de leur sort. Quand vous regardez des gens comme nous, de notre âge à peu près, quand vous arrivez à 18 ou 19 ans, ce groupe d’âge, vous dites 'Allez hop, je n’aime pas çà, ce n’est pas ce que j’avais prévu!' Vous pouvez toujours voir... il y a un point, même si vous avez été endoctriné par votre éducation, il y a ce moment où il y a une brèche et c’est le point de rupture pour certaines personnes jeunes. Elles peuvent percevoir qu’il y a quelque chose d’autre qui vit dans leur insconscient... Et tout à coup ils sont projetés hors de çà... cinq ans après vous ne croyez plus rien de tout çà, parce que c’est envolé! Et c’est çà que nous avons empoigné à deux mains!" rit-elle, attrapant la table avec toute son énergie. 
"C’est ce que vous devez maintenir, et c’est vraiment dur! Et j’encourage tout être humain à être un esprit brave, et de tenir bon à quelque chose et d’aller au bout de ses envies créatives, même s’il s’agit de capacité à communiquer simplement. Essayez de garder cette chose vraie dans vos vies!"
" Ce monde a besoin de cette tension adolescente. C’est triste de voir que cela a été bousillé et manipulé par la société dans laquelle on vend l’enthousiasme des jeunes aux jeunes, dans tous ces accessoires, tous les pièges, le look. Et ils marchandisent la jeunesse, et c’est tellement triste car nous n’apportons pas de réel optimisme," murmure Brendan dégoûté. "La beauté de la naïveté..."
" Ce n’est pas être pris pour un clown, n’est-ce pas, cette beauté de la naïveté..." se désespère Lisa, qui permet à Brendan d’ajouter, "C’est considéré comme une faiblesse..." avant de se concentrer sur ce qu’elle dit. "Des centaines d’années ont passé pendant lesquels les gens ont fait ces clacka-ta-clacka-ta-clacka de percussion, et cela a été ridiculisé, et cela a des centaines d’années. Qu’est-ce que vous pouvez espérer de l’Occident, réellement? Vous devez le sortir et le trouver. Vous devez le trouver par vous-même, et c’est vraiment dur à trouver. Personne ne va le metre dans votre main. Ce n’est pas comme quand vous aviez 5 ans et que vous faisiez... clacka-ta-clacka. Vous n’avez pas ces rituels ancrés qui sont en contact avec votre moi profond. Vous avez été élevé dans le déni du naturel!" La voix mélodieuse de Lisa devient stridente de colère. "Qu’est-ce que c’était que j’ai entendu l’autre jour... ne faites pas confiance à vos sentiments! Vos sentiments ne vous aideront pas à vous en sortir dans l’avenir!"
" Mais vous devriez rester en contact avec vos sentiments!" ricane Brendan. "Ils vont d’un extrême à l’autre!" s’exclame Lisa, cherchant mon approbation du regard.
Je suis d’accord: ils doivent vous apprendre à rester proches de vous-mêmes quand vous avez 18 ans, au lieu d’avoir une société de névrosés de 40 ans en thérapie à la recherche de leur enfance.
" Quand allons-nous rompre cet echo constant de notre culture qui ne fait que nous transformer en robots? Quand la roue va-t-elle tourner? J’aimerais bien voir çà une fois dans ma vie! Il y a plein de gens courageux qui essaient désespérément de faire tourner la roue, mais c’est l’enferl! C’est un vrai combat!" dit Lisa avec passion, en regardant Brendan.
Brendan ajoute. "En tant que société nous n’avons pas la ressource de nous débrouiller avec ces problèmes. Tout est tellement imbriqué. C’est l’une des choses que nous avons appris à travers notre relation avec la musique, la valeur thérapeutique, les aspects éducatifs à travers notre musique. C’est intéressant la façon dont les cultures rurales règlent ces problèmes, en termes de transe sur la musique, ce que notre société chrétienne regarde comme quelque chose de barbare et primitif. Ils se confrontent aux choses primitives, au côté le plus sombre des choses. Il y a des côtés sombres en vous qui sont habités par les démons que vous supprimez. Toutes sortes de choses arrivent à l’intérieur d’une société répressive, ou d’un individu réprimé. C’est étonnant que la musique soit un tel medium pour ouvrir les canaux qui permettent d’expulser ces choses: de vous sentir bien, dans votre corps et dans le monde dans lequel vous vivez. D’être capable d’exprimer vos frustrations: si vous êtes en colère, montrez votre colère!

" Il y a des musiques qui sont comme des mantras, des choses qui s’offrent à vous capables de stopper la conscience de trop se soucier d’exorciser, et de laisser apparaître l’inconscient à travers. Vous pouvez voir ce que vous avez en vous que vous avez réprimé et lui dire adieu.
Faire sortir cette pollution mentale vicieuse au lieu de la garder en soi. Et la musique peut permettre cette expression."
" Exact. Et la relation occidentale, en termes de musique, est grotesque. Vous mettez un violon entre les mains d’un enfant de 5 ans et espérez qu’elles conduisent le violon, qui est une pièce de machinerie incroyablement compliquée! Nous devrions leur mettre des percussions dans les mains! Laissons-les grandir, donnons-leur des racines solides!" déclare-t-il.
Lisa s’exclame, "Exactement! Parce que quand ils font çà, eh bien, vous n’aimez pas le violon, alors vous ne devez pas être musicien!"
" Et après ils ont ce complexe toute leur vie," Brendan hoche la tête avec un soupir moqueur. "Je suis allé seulement jusqu’au 3e niveau en piano. Eh bien!"
" Tu ne peux pas chanter! Tu ne peux pas chanter, tu n’as pas de voix, c’est un dièse! Comme si dièse ou bémol avait quoi que ce soit à faire avec le chant de toute façon!" lance Lisa avec des yeux pleins de colère.
" C’est parce que la façon dont nous abordons la musique est celle d’une distraction," continue Brendan. “Et il y a trop d’accent sur la musique comme une distraction. Cela devrait être une partie nécessaire de la culture. Cela devrait être une partie de la communication, de l’éducation, de la thérapie, de la méditation."
" Et pas forcément quelque chose de très cultivé, non plus. Quelque chose de brut... pas ce qui..." Lisa rend sa voix plus profonde pour adopter un ton cultivé par moquerie, "cela doit tomber dans l’oreille, cela doit être homogène..."
Brendan rit gaiement, "Homogène. Elle est bien bonne. C’est un terme utilise en crèmerie, n’est-ce pas? Musique pour le troupeau, n’est-ce pas?"
Lisa sourit à notre fou rire, murmurant "Vous comprenez. Cela n’a pas à “tomber” dans l’oreille. Cela doit créer une sensation..."
Le discours passionné de Lisa à propos de la voix nous fait réaliser que c’est la réaction qu’elle a provoqué quand les gens ont entendu pour la première fois sa voix magnifiquement chaude et irrésistible.. Elle soupire, décrivant, "J’ai eu un problème avec la presse à cause de la façon dont je chante. Alors j’ai arrêté de parler à la presse. Je pensais qu’un jour cela me serait possible de parler à nouveau, et cela arrive maintenant. La presse anglaise est très forte, et ils sont très cyniques, et quand ils ne sont pas cyniques, ils n’ont rien à dire. Je n’ai pas envie d’être confrontée à çà."



" Il y a eu des interviews truquées qui ont été organisées avec moi et Big daddy, un catcheur. C’était assez sympa, en fait, mais j’ai juste pensé qu’il n’y a pas d’intérêt à parler avec ces gens s’ils parlent pour moi. Ils ne vont rien écrire de ce que j’ai dit. Le principe était un commentateur célèbre de football qui nous interviewaient Big Daddy et moi en même temps, et j’avais l’impression de flotter alentour avec ma tête qui cognait le plafond de façon très éthérée," dit-elle en partant d’un grand rire de sa voix riche. "J’en avais assez. Je parle un langage qui parle et évolue par lui-même, et j’ai essayé d’expliquer quel est ce travail pour moi, et ça ne marche jamais," soupire-t-elle à nouveau. "C’est un langage, ou un instrument buccal, ou une percussion buccale, quelle que soit la façon dont vous voulez le nommer. Mais je travaille le son de la musique et crée la musique et c’est comme çà! Et je ne pense pas avoir besoin d’orchestrer ce que je fais dans un livret ou une forme littéraire. Je sens qu’il y a une essence à l’intérieur de mon travail qui parle d’elle-même. Et j’ai vécu avec çà, et cela me suffit de le contempler.
C’est très dur... le travail parle de lui-même ou ne le fait pas. Et quand vous essayez d’encourager les autres qui travaillent dans la même arène que vous ... Je connais des gens qui travaillent sans mots qui sont très puissants. Ils sont comme.." elle imite une voix glaciale et incompréhensible, "aussi bien qu’ un aboiement..." rit-elle de sa propre imitation. "Mais je ne pense pas que je puisse faire çà sans musique. Mais je pense aussi que je devrais avoir peur de parler de ce travail. Maintenant quand vous le faites bien. Nous continuons à explorer le concept de la musique en tant que thérapie, et nous demandons pourquoi les gens prennent de la drogue au lieu de travailler à démêler la toile d’araignée entortillée de leur vie."

L’effet de la drogue sur la culture et la vision de l’artiste fait remarquer à Brendan, "C’est intéressant, parce que la Cabbale le mentionne, ainsi que le Bouddhisme." (FYI: La Cabbale est une partie occulte de la doctrine Hébreue à la fois écrite et sous-entendue. Les premiers textes sont apparus en 300 avant JC et se sont succédés jusqu’en 1300. La doctrine a un impact profond sur la littérature médiévale.) "Ils ont une relation bien plus intelligente au contexte de la drogue et aux états mentaux altérés. Ils le mentionnent comme des entrées illégales dans l’apparence. C’est comme un univers parallèle qui fonctionne à côté du nôtre, dans lequel on peut entrer, et le goûter: c’est une déchirure du vêtement métaphysique. Ils enseignent que quand vous prenez ces drogues, vous feriez mieux de vous préparer à ce qui va arriver; vous feriez mieux de savoir ce que vous faites. Vous utilisez cette source pour entrer illégalement dans une autre dimension.
Cela rend plus clair... la raison pour laquelle les artistes sont si attirés vers les substances qui altèrent le mental particulièrement à travers leur art. A travers la musique ou la peinture ou quel que soit le medium qu’ils utilisent, ils ont un aperçu de ce monde parallèle. Mais ils le font naturellement. Mais parce qu’ils ne peuvent pas le maintenir, ces petites révélations, dans leur désespérance de ne pas être là tout le temps...et puis cela devient un vrai échappatoire. Je ne veux pas vraiment vivre dans ce monde, je veux vivre dans celui-ci," dit-il avec un geste. "Il y a un prémice suicidaire dans ces drogues, comme l’héroïne; généralement ils ne sont pas vraiment heureux parce qu’ils ne peuvent pas tout avoir. Jim Morrison disait « Je veux le monde, et je le veux maintenant.' C’est une rodomontade de quelqu’un qui ne peut pas avoir ce qu’il veut tout le temps."
Et cette déperdition dans un univers parallèle... "C’est une addiction," termine Brendan.
"Alors le truc c’est d’y avoir accès par le mental, pas par la substance. Dire non ne suffit pas: essayer de se demander pourquoi ou à quoi vous voulez échapper?
"C’est si difficile de gagner le fond du problème. Je ne pense pas que qui que ce soit soit vraiment équipé pour arriver au fond des problèmes de la vie des gens," murmure Lisa, pensive. "Nous tâtonnons tous dans le noir parce que nous n’avons pas cette histoire culturelle quotidiennement répétée qui nous dit qui nous sommes à l’intérieur de notre communauté, de nos familles et dans le domaine amical. Nous n’avons pas cette connexion culturelle. Nous sommes seuls. La seule façon dont la médecine, ces travaux chamaniques, parce que vous pouvez ramener une personne, vous pouvez leur chanter leur histoire, leur rappeler à quel point ils sont dans leur culture. Vous pouvez les guérir à travers le chant, ou la peinture de sable. Nous n’avons pas les outils pour faire cela parce que nous avons délaissé nos enfants; nous avons délaissé nos amis! Nous travaillons dur pour créer une relation interpersonnelle avec nos amis, mais dès qu’ils ont un problème c’est comme," Lisa adopte une voix cruelle, " oh mon Dieu, je ne veux pas connaître cette personne, elle est dans une mauvaise voie! L’avez-vous vue récemment?" termine-t-elle, sa voix tombant tandis qu’elle ouvre ses yeux expressifs avec une expression horrifiée.
" C’est un problème anthropologique. Comment l’individu peut-il s’assimiler avec une tribu, qui est essentiellement le problème, parce que nous avons tendance à célébrer l’individu au dépens de la famille des amis, de la tribu. L’individu est ce que nous cherchons. Quand vous y pensez, c’est à propos d’être des dieux. C’est ce à quoi ça mène, parce que le futur est toujours gouverné par la projection de toute idéologie donnée. Et cela semble être la ligne de pensée. Mais la tribu est l’équilibre de l’harmonisation, le sens de la vraie démocratie. Les civilisations les plus équilibrées ont compris cela," explique Brendan .

Il est temps pour l’éternel pessimiste de s’interposer. Pour moi, nous avons perdu tout sens de cette unité tribale avec l’Occidentalisation. Ce genre de sons qui guérissent comme un but inatteignable dans ce pays fracturé parce que...
Lisa tressaillit avec sa voix puissante et aiguë, "Non! Ce n’est pas çà!" On ne peut pas échapper à son regard urgent. "Regarde... imagine que tu es complètement déprimé, et que quelqu’un vient, quelqu’un de ta famille, et ils se rassemblent, et ils disent OK, cette femme est complètement déprimée. Ils font un diagramme, une peinture de sable ou un dessin, et ils disent tu es née de cette mère et de ce père, et ils parcourent toute l’histoire de ta vie méthodiquement , pour t’aider à retrouver ton commencement et de t’identifier à ce que tu étais... ce n’est pas impossible pour nous de le faire! Nous devons faire cela pour nos enfants... nous devons prendre cette responsabilité!
" Je dis cela à propos de la société occidentale: vous regardez toujours dans la mauvaise direction! Vous regardez toujours à terre, autour et au loin... et cela se trouve ici!" Lisa montre fermement son coeur. "C’est si petit, si simple! Et nous pouvons retourner à l’état de famille, au lieu de nous isoler nous-mêmes des gens qui nous aiment le plus. Nous avons la responsabilité des autres, non?"
Et ça vous fait vous sentir bien à l’intérieur...
" Bien sûr! Regardez, si je suis déprimée quand je suis en tournée, quelquefois quand je suis dans une situation dans laquelle je me sens complètement perdue, et j’ai besoin de me connecter, je ferme simplement mes yeux et m’imagine que je suis dans une station de train avec ma famille. Vous avez cette familiarité, et quand vous regardez les autres cultures, qu’est-ce qui les rend forts? La familiarité. Des chansons qui sont vieilles de 100 ans. Un battement de tambour qui éveille la même familiarité... C’est votre médicament.
Et c’est ce que nous faisons, de la médecine. Nous le faisons pour nous-mêmes, et je l’espère pour les autres. Un chemin vers quelque chose de familier. Et je sais que les gens pensent qu’il y a quelque chose de familier dans notre travail, à cause des réponses que nous avons reçues."J’ai l’impression de rentrer à la maison quand j’entends votre musique."Je l’ai expérimenté quand je vous ai vus en concert. Oh, je suis parti, j’avais l’impression de flotter..."vous rentrez à la maison et c’est comme si, mon Dieu, je dois encore travailler et je dois retrouver çà, et c’est génial!" elle lance un petit rire léger, en rompant avec le ton très sérieux que nous avons adopté dans l’obscurité. 

Parler d’être transporté... sommes-nous toujours à Los Angeles?
Mais c’est çà la magie sublime de Dead Can Dance. Ils touchent quelque chose dans le subconscient qui illumine votre esprit , qui et où que vous soyez. Lisa pense que, "Mais ce n’est pas seulement notre musique. Vous pouvez trouver une autre musique qui n’a pas été corrompue ou polluée par l’ego. Elle peuvent vous mettre en contact avec ces choses aussi. Les gens sortent tout droits de notre chemin pour nous sortir de nos illusions..."
Mais c’est tellement plus apparent dans la musique de Dead Can Dance. Vous rendez l’état de grace aisé. "Ils doivent en être capables puisque nous le pouvons. Nous pouvons pendant que nous le faisons. C’est tellement merveilleux, bien que ce soit difficile des fois," admet Lisa . "Il y a des fois où même quand nous nous décrivons des chansons, c’est comme, mon dieu, comme des araignées qui courent sur votre tombe.."
Quoi?" explose Brendan, son visage comme un masque de rage feinte. "Censure çà! Cette pensée est essentiellement Gothique!"
Lisa se moque de lui, continuant, "Non, tu sais ce que je veux dire! Comment nous nous décrivons les choses l’un à l’autre."
Elle murmure soudain, "La chose la plus sympa avec l’interview est d’oublier que c’en est une, ce que j’ai fait," et elle lance un regard accusateur à Brendan avec ses yeux intenses.
Brendan tout contrit murmure, "je plaisantais"
Mais la plus belle chose à propos de nous quand on fait un disque ensemble est de prendre simplement plaisir à ce moment. Brendan peut arriver et jouer quelque chose sur son clavier..."
Oui, et je dis que fait cette araignée sur mon clavier?'" dit-il avec un sourire grimaçant, incapable de se contenir.
Cette fois Lisa l’ignore complètement, continuant, "Mais les choses émergent, et vous trouvez un chemin. Tous ceux qui disent que c’est de la prétention ne comprennent pas ce travail. Quelqu’un qui dit: "oh, je fais juste çà. Ce n’est rien. Je fais juste çà, et c’est tout," se moque-t-elle en prenant une voix masculine.
Mais beaucoup de musiciens ont cette attitude bizarre: Ah bon, j’ai du talent ? non, pas moi! 
"C’est parce qu’ils ont peur. Et ce n’est pas avoir peur, c’est être courageux. Ils ont tellement peur que les autres personnes vont penser qu’ils sont un peu fous, ou romantiques. Oh, le romantisme, il ne nous est pas permis d’être romantiques", soupire-t-elle.
"Surtout quand vous avez beaucoup de votre égo engagé, ou de personnalité. La dernière chose que les gens veulent entendre c’est que ça vient de l’inconscient, que ce n’est pas voulu. Non, je contrôle mes facultés. C’est un autre mal dont nous souffrons, nous sommes si égocentrés. Conscients? Oui, j’ai une conscience. Je la garde dans mon garage. Dégagez, je conduis cette satanée voiture sur la route, pas l’inconscient. C’est vraiment une attitude de forte tête. Oh, désolé, Li," ricane Brendan .
Oh, non je vais bien... le puits est à sec," elle rit en ignorant cette interruption. "C’est une chose rare!" plaisante-t-il, riant encore.

Il est temps de s’arrêter. C’est un de mes propos, et vous le prouvez par la poigne solide de ce que vous faites: il n’y a pas assez de groupes comme vous créant consciemment de la musique thérapeutique comme une expérience de guérison tribale , utilisant des cultures et rituels anciens. (Et non, je ne vous classe pas dans le new Age.)
Non, ce n’est pas vrai," déclare Lisa. Maintenant c’est à mon tour de demander des noms!"
Eh bien, vous ne pouvez pas les entendre!" s’exclame-t-elle. "C’est çà le problème.
Brendan crée un nouveau label maintenant, et il va essayer. Il peut faire sortir toutes sortes d’albums, mais plus vous touchez de gens mieux c’est. Les gens font beaucoup d’argent avec la musique”
L’argent devrait créer le portail qui vous guide... vous dites dans , mais je dirais hors du désordre," explique-t-elle. "C’est une question de vie ou de mort pour moi quand je communique et que l’âme de cette personne peut entendre ce que je communique. Ou peuvent-ils l’entendre avec leur oreille interne... l’âme est ambiguë.
Mais on en revient au problème de l’individu. La plupart des artistes ne prennent pas leur argent pour le réengager pour faire encore plus de musique! Certaines personnes créent des labels pour aider les autres, mais généralement ce ne sont pas des méga-millionnaires."
Non, je préfèrerais créer un parc d’attractions," dit Lisa sèchement.
Brendan examine cette remarque presque méchante. "De qui parles-tu maintenant?" "Pourquoi, je ne sais pas," répond Lisa avec un regard innocent. 


Line Up :
Lisa Gerrard
Brendan Perry

Label :
4AD

Tracklist :
Part I
01 – Nierika
02 – Babylon
03 – Compassion
04 – The Ubiquitous Mr. Lovegrove

Part II
01 – The Love That Cannot Be
02 – The Lotus Eaters
03 – Crescent
04 – Minus Sanctus

Part III
01 – Saltarello
02 – The Wind That Shakes The Barley
03 – How Fortunate The Man With None
04 – Dreams Made Flesh




Les Lives sont à télécharger gratuitement ici




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