Emission radio. Live les Dimanches de 20h à 22h sur le 95 fm (RQC- radio locale Mouscron-Kortrijk- Lille Métropole).

En écoute ici en streaming.

Pataugeage dans toutes les mares ! (Rock, Electro, Jazz, Hip-Hop, leurs dérivés connus, inconnus ou oubliés)

Tous les Canards vont à la Mare est une réalisation produite par Animation Média Picardie.

co : touslescanards@gmail.com

dimanche 17 mars 2013

Album de la Semaine : Shannon Wright - In Film Sound


Shannon Wright

In Film Sound



Interview de Shannon Wright, par Isa d'Alter1fo


Alter1fo : Un an seulement, entre la sortie d’ Honeybee Girls et ce nouvel album. Pourquoi ?
Shannon Wright : Je ne sais pas… J’ai juste commencé à écrire des chansons… Et simplement décidé de sortir un nouvel album.
Ça s’est passé naturellement. Ce n’était pas vraiment planifié…
Vouliez-vous faire quelque chose de particulier avec ce nouvel album ou bien est-ce que simplement, vous aviez des chansons et vous avez voulu les enregistrer ?
Oui, c’est ça. Dans tous les albums que je fais, ça se passe comme ça. Il n’y a jamais de concept. (…) C’est ce qui vient naturellement qui se retrouve sur le disque
Vous avez parfois une manière différente d’utiliser les sons. Je pense à des chansons comme Father, ou à la fin d’In the Needle, sur le dernier album.
En fait, j’ai enregistré Father il y a plusieurs années… C’est un bonus sur un disque sorti au Japon.
Je voulais faire une autre version. Je ne suis pas vraiment sûre…
Vous savez quand vous êtes en studio, vous essayez des choses. Si ça vous plaît, vous le gardez…
Et pour l’autre chanson, In the needle…  La voix qu’on entend…  C’est celle d’une amie qui est décédée.
En fait c’est une chanson sur elle.
Je pensais que c’était bien d’avoir sa voix sur le disque. (…)
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-16Qu’est-ce que vous aimez quand vous êtes en studio ?
En studio, je me sens impliquée dans tout le processus.
Andy [Baker, dont on reparle juste après] et moi, nous sommes très proches. Il sait exactement ce que je cherche et souvent, l’ambiance des enregistrements est très détendue. Même si au moment des prises, quand je suis en train de jouer dans le studio, c’est toujours très sérieux.
Mais quand je ne joue pas, on s’amuse vraiment…
C’est à la fois lourd, et léger. Les deux en même temps…
J’ai lu dans une ancienne interview que vous entendiez tous les instruments dans votre tête avant d’écrire une chanson. Est ce que c’est vrai ? Comment est-ce que vous composez ?
Je commence au piano ou à la guitare. C’est toujours le point de départ. Et quand je développe la chanson, je commence à entendre tout le reste, la mélodie, les différentes pistes…
J’ai comme une image de ce que va être la chanson. (…) Je ne peux écrire les paroles qu’en dernier. Je n’ai jamais été quelqu’un qui commence par écrire les paroles…
Je vois une sorte de paysage dans ma tête. J’ai seulement le « sentiment » de ce que sera la chanson.
Vos textes s’apparentent à de la poésie. Est-ce que c’est quelque chose que vous recherchez ? D’où vient votre inspiration ?
Shannon Wright @ Antipode 2010Je ne sais pas…
J’ai l’impression que ces dernières années, j’ai un peu simplifié les paroles. Je ne connais pas grand chose à la poésie, ce genre de choses, vous savez… Je veux juste exprimer quelque chose que je ressens… Quelque chose qui puisse faire écho dans la vie d’autres personnes, parce que c’est similaire à ce qui leur arrive…
Je sais que d’autres artistes disent :  « C’est mon histoire ».
Je ne suis pas comme ça. Je pense à tout le monde.  A moi. Au fait qu’on soit tous reliés. C’est ce qui ressort dans les paroles, dans les chansons. C’est une façon de communiquer.
J’ai toujours été plutôt timide… C’est une façon de rentrer en contact avec les autres.
Il y a aussi beaucoup d’amour là-dedans…
Ça s’entend, je crois...
Home JAZZMASTERJ’ai eu l’impression que ce nouvel album était aussi comme une sorte d’hommage au hardcore de Washington DC. A cause du disque de Black Flag sur la pochette, mais aussi à cause de la chanson Fractured, qui est complètement  incroyable.
Oh…  Merci.
Est-ce que c’est quelque chose d’important pour vous ?
En fait, cette photo, c’ est juste une photo de ma maison. C’est la pièce où je fais de la musique.
Ce disque de Black Flag est sur ma table depuis des années. Je n’y ai pas vraiment fait attention. J’ai tout laissé tel quel.
C’est vrai que c’est très personnel de mettre une photo de chez soi sur une pochette d’album. Mais j’ai simplement pensé que c’était une autre manière de communiquer avec les gens.
En réalité, ce disque, c’est plutôt un hommage à un de mes proches, qui a eu un cancer récemment.
Lorsque que quelqu’un de proche est malade, ou qu’il lui arrive quelque chose, vous pouvez vous sentir en colère, perturbé ou triste… ou… Et j’ai vraiment l’impression que cet album tourne autour de toutes ces émotions, de comment on vit avec tout ça… Surtout lorsque c’est quelqu’un de proche qui souffre. C’est de ça dont il est vraiment question dans l’album.
Merci. (silence)
Parlons un peu de la scène maintenant. Vous voir en live est une expérience bouleversante.
(Touchée) Oh…  Merci.
Comment abordez-vous la scène ? Vous êtes comme une tornade…
Pardon ?
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-21
Une tornade (je mime le tourbillon avec force bruitages)
Oh, a tornado (rires)
Être sur scène, c’est vraiment ce que je préfère. J’adore enregistrer, être en studio, j’aime vraiment écrire des chansons… Mais vous savez, quand j’étais petite, et que j’allais voir un groupe, un groupe que j’aimais vraiment, j’adorais ce sentiment d’être dans un endroit où tout le monde vivait un moment à part, ensemble.
C’est seulement une heure dans votre vie, mais vous pouvez vous en souvenir…  Et penser : « wah, c’était vraiment…». Ce sentiment m’a marquée…
C’est la même chose pour moi quand je suis sur scène. Quand je joue, j’essaie d’être complètement honnête avec moi-même et avec le public. Ce n’est pas seulement moi, sur scène, et le public qui écoute. C’’est nous, tous ensemble. On fait corps. On est tous connectés.
Je ne peux pas vraiment expliquer ce que je fais sur scène ou pourquoi je le fais… Même, quand le groupe me dit : « wah, tu as fait ce truc  au concert hier soir… » , je ne veux pas l’entendre… Je ne veux pas le savoir ! (rires) C’est trop bizarre.
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-36
On vous a vue à Saint Nazaire il y a dix jours, et c’était un excellent concert.
Merci. (…)
Sur scène, il y avait une diapositive projetée derrière vous. De quoi s’agit-il ?
C’est simplement une vieille photo de Floride, c’est de là que je viens. J’aime beaucoup cette image. C’est un souvenir de quand je vivais là-bas. Voilà une autre chose personnelle.
C’est un peu un morceau de chez vous sur scène…
Je ne vis plus là bas, maintenant. Mais, oui…
Pouvez-vous nous parler des musiciens qui vous accompagnent sur scène.
Le bassiste, c’est mon ami Andy. Il a enregistré presque tous mes albums, sauf celui que j’ai fait avec Steve Albini.
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-38
Over the sun
Oui, mais en réalité, Steve Albini a aussi enregistré quelques morceaux sur Maps of Tacits et Dyed in the wool, mais Andy était là lui aussi. Andy est quelqu’un de formidable. Il joue aussi de la basse sur le nouvel album. C’est bon de l’avoir avec moi sur scène…
C’est plutôt rare parce qu’il est ingénieur du son, donc il est souvent très pris…Et pour lui, qui passe tout son temps en studio, cette tournée, c’est une sorte de break. C’est un très bon bassiste et c’est bien qu’il soit là avec nous.
Mike, lui,  vient d’Athens en Georgie. On est devenu ami et maintenant, il m’accompagne à la batterie.
On a fait une interview de Yann Tiersen cet été. Il nous expliquait à quel point votre travail ensemble avait été important pour lui. On a parlé de la différence entre la musique électrique ou acoustique, entre autre, et il nous disait que les gens comme vous montraient que les deux n’étaient pas antinomiques.
J’aime toutes les sortes de musiques. Du moment qu’elles sont honnêtes. Qu’on peut s’y identifier.
Lorsqu’on sait que l’artiste est sincère, même s’il est très différent de vous. Peu importe le style, que ce soit de l’électronique ou autre chose, on peut toujours voir si la démarche est sincère, si les gens sont honnêtes et que ce qu’ils font vient vraiment du cœur. Peu importent les « textures », les instruments utilisés…
C’était vraiment bien pour moi aussi de travailler avec Yann.
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-29On s’est rencontré. On a dîné chez lui. On est très timide tous les deux. C’était étrange… Et on a commencé à parler de musique et à écouter des disques. On était vraiment sur la même longueur d’ondes. C’était vraiment simple. Alors on s’est dit que ce serait bien de faire de la musique ensemble.
On s’est mis à écrire tous les jours. C’était vraiment dingue. On pensait aux mêmes choses en même temps.  » J’ai une idée… Si on mettait ça là ? ». Et l’autre disait aussitôt, que ce soit Yann ou moi, et c’est ça qui était génial : « oh mon Dieu, c’est exactement ce que je pensais ! »
C’était une expérience incroyable. On enregistrait toute la journée. Puis je retournais dans cet appartement, et j’écrivais les paroles jusqu’à six heures du matin. J’étais épuisée !
Je suis très fière de ce disque. Même si c’est ironique de penser que tous ses fans pensent que Yann a écrit toute la musique et même les paroles, parce qu’il est tellement énorme !
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-42
Vous avez aussi travaillé avec certains membres de Rachel’s, Alan Sparhawk de Low ou Joey Burns de Calexico. Pensez-vous travailler de nouveau avec eux ou avec d’autres musiciens que vous appréciez ?
En fait, ces musiciens étaient tous sur mon label, à Chicago,Touch and Go. C’était comme une grande famille. Tous les groupes s’entraidaient. On tournait ensemble. On est devenu vraiment amis… Ça a bien fonctionné parce qu’on était très proche.
Ça ne m’intéresse pas vraiment de travailler avec des personnes que je ne connais pas. Excepté pour Yann avec qui il y a eu une vraie rencontre. C’est très intime et il faut pouvoir faire confiance à l’autre. Ça doit se faire naturellement.
Maintenant deux questions pièges mais importantes pour nous :
everybodyknows- Neil Young albumPouvez-vous nous donner 3 disques sans lesquels vous ne pourriez vivre ?
(Sérieuse). Neil Young, définitivement. C’est mon artiste préféré depuis tellement d’années. Il a fait tellement de disques. Tous ses albums sont vraiment formidables,  toujours différents. C’est inspirant.
Donc, Everybody knows this is nowhere, Neil Young.
Oh, c’est vraiment dur. (Soupir concentré)
Le disque live d’Ella Fitzerald, enregistré dans les années 50. Je l’aime énormément et je l’écoute depuis des années.
… Un long moment de nouveau, puis elle conclut : Et à peu près tout de Led Zeppelin. Vraiment… J’adore Led Zeppelin…
Neil Young et Led Zeppelin, oui, c’est du rock classique, mais ce sont des musiciens et des compositeurs tellement formidables.(embêtée) Je sais que ça ne paraît pas très excitant…
Si, si ! Ça nous convient parfaitement… (rires)
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-31La deuxième, plus difficile encore. Pourquoi est-ce que vous faites de la musique ?
(De nouveau très sérieuse) Woo…
Pour plein de raisons, je crois…. (silence) C’est une tellement belle façon de s’exprimer et de communiquer avec les autres.
(silence) J’aime la musique…  Je ne sais pas. Je crois que c’est quelque chose… Je ne pourrais pas vivre sans… (Sa voix se voile)C’est vraiment ça. C’est quelque chose en moi… Je dois vivre avec.
La tournée s’achève ce soir. Quels sont vos projets pour la suite ?
J’ai un concert prévu à Atlanta où je n’ai pas joué depuis longtemps. Ça va être vraiment bien !
Mmm…Et puis…  Je n’ai pas l’habitude de planifier. Les choses arrivent naturellement…
Je ne ferai peut être pas d’autre disque, qui sait ? Après Let in the light, je pensais que je n’allais pas faire d’autre album, et finalement, j’en ai fait deux depuis…
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-46
C’est mieux pour nous !
(rires) A ce moment-là, je disais que je n’allais pas faire d’autre album. Que je n’allais plus faire de tournée.
Et c’est comme si ça me dépassait… J’ai toutes ces chansons qui continuent d’arriver… Toutes ces choses que je veux exprimer…
J’ai dit à tout le monde sur cette tournée que c’était la dernière.
Non, non !
(rires) Et les autres disent : (elle prend le ton de ceux à qui on ne la fait plus) « oui, oui, c’est ça… »
On verra après ce soir.
Je suis plutôt triste ce soir, à cause de ça. Est-ce que ça va vraiment me manquer, qui sait ? C’est comme une rupture, une rupture amoureuse, vous savez (elle mime l’indécision d’un couple qui se sépare) : « Je ne sais pas si je dois le faire. J’ai envie de rester, mais j’ai envie d’arrêter… »
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-12
Voir Shannon si timide mimer différentes voix détend ces propos doux-amers et l’interview s’achève dans les rires.
On demande hors micro quand l’épisode de Burn To Shine sur Atlanta avec un morceau de Shannon live sera enfin .
Burn to shine est une série incroyable tournée par Christoph Green et Brendan Canty de Fugazi. Le concept est simple : les réalisateurs choisissent une maison qui va être détruite dans une certaine ville et demandent aux groupes locaux d’y jouer une chanson live. Tous les groupes s’y produisent à la suite dans la même pièce le même jour. Chaque épisode se termine avec les images de la destruction de la maison. Pour le moment, 6 épisodes ont été tournés – Chicago, Washington DC, Portland, Seattle, Louisville et Atlanta – mais 4 seulement sont sortis.
2010-11-23-ANTIPODE-Alter1fo-37Elle nous explique le tournage, les jouets d’enfants sur le sol et ce sentiment glauque vis à vis de ce qui avait peut-être pu se passer dans cette maison. Le DVD est cependant toujours en attente de fonds suffisants pour pouvoir être commercialisé (tout comme d’ailleurs l’épisode sur Louisville).
On la laisse alors regagner sa loge, toutes émues du moment qu’on vient de vivre. Elle nous remercie longuement. Nous aussi. On lui souhaite bonne chance pour le concert de ce soir. Elle touche alors le bois de la porte des deux mains pour se porter bonheur. On sait bien que tout le monde peinera à le croire, tellement la jeune femme est impressionnante sur scène. Et pourtant ses mains sur le bois ne sont pas une coquetterie. En se retournant, elle nous adresse un dernier grand sourire :
« See You Later… »


Label :
Vicious Circle

Tracklist :
1. Noise Parade 
2. The Caustic Light 
3. Tax The Patients 
4. Who’s Sorry Now ? 
5. Bleed 
6. Mire 
7. Captive to Nowhere 
8. Surely, they’ll Tear it Down 
9. Mason & Hamlin






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire