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dimanche 22 juillet 2012

Album de la semaine : CAN - The Lost Tapes


CAN - The Lost Tapes


Interview d'Irmin Schmidt, par Igor Hansen-Love de L'Express


Le groupe germanique culte sort des enregistrements inédits, The Lost Tapes. Une mine d'or pour les affectionados de Krautrock et un prétexte idéal pour en discuter avec Irmin Schmidt, le claviériste de Can.


Irmin Schmidt: "Can est mort avec son guitariste"
Can, hors des sentiers battus
(c) JD Eusthalerer

L'heureuse surprise. On pensait avoir fait le tour de la question. Une réédition de l'album Tago Mago, en 2011, nous avait donné l'occasion de raconter brièvement l'histoire du groupe de Cologne, du Krautrock (tant qu'à faire), et de son influence sur le rock contemporain. Cette fois, l'événement est encore plus inattendu: la sortie de 30 titres de Can, parfaitement inédits, retrouvés par hasard, l'année dernière. 
L'histoire raconte que lorsque le studio de Can situé dans la banlieue de Cologne fut démantelé puis vendu au musée Rock and Pop, les déménageurs mirent la main sur une grande quantité d'enregistrements "oubliés". "Les étiquettes étaient à peine lisibles, si bien que personne n'était sûr de ce qu'ils contenaient" précise l'alléchant dossier de presse - vers lequel nous renverra aimablement et régulièrement l'ancien membre de Can. C'est ainsi qu'Irmin Schmidt, le claviériste, avec l'aide du producteur de Mute,Daniel Miller, et Jono Podmore, son acolyte (l'artiste derrière Kumo), se mirent à compiler ces kilomètres de bande, à tailler dans le gras pour ne garder que le meilleur. A l'arrivée: 30 titres, enregistrés entre 1968 et 1977, la période la plus faste du groupe. Les formats sont divers: des musiques de films, des morceaux enregistrés live, des jams, des expérimentations et la présence de ses deux chanteurs, l'américain Malcolm Mooney et le japonais Damo Suzuki... Autant dire, une véritable mine d'or, un bordel monstrueux, des séquences parfois inégales et indigestes, avouons-le, mais un ensemble toujours passionnant et intense. 
Irmin Schmidt, depuis sa maison en Provence, a pu apporter quelques précisions sur The Lost Tapes à L'Express. 
Votre Français est excellent...
Oui, c'est normal. J'ai suivi des cours de Français à l'école, comme un bon nombre d'Allemands d'ailleurs. Maintenant j'habite en Provence. 
Pourriez-vous nous décrire la façon dont vous êtes tombés sur ces enregistrements?
J'ai déjà tout expliqué dans le dossier de presse. Je n'ai aucune envie de me répéter. 
Comment expliquez-vous que vous étiez l'un de seuls groupe de rock, dans les années soixante dix, à tout enregistrer? Qu'est-ce qui justifiait une méthode de travail aussi contraignante?
C'était parfaitement logique. Dans Can, toute la musique était composée spontanément, sur le fait. Nous n'écrivions pas de chansons comme la plupart des groupes avant de rentrer en studio avec un couplet et un refrain. Nous jouions, tout simplement et surtout, tout le temps. Nous improvisions, à partir de motifs, des motifs rythmiques très souvent. L'enregistrement était la seule façon d'avoir un semblant de contrôle sur ce que nous faisions. Nous n'avions pas vraiment le choix. Après, l'écriture, et l'assemblage des albums se faisait dans le choix des bandes. Nous collions, nous éditions, nous réenregistrions parfois lorsque c'était nécessaire. C'est pour cette raison qu'il existe des kilomètres de bandes. 
Quel fut le critère de sélection pour ces Lost Tapes?
La qualité. C'était le seul et unique critère de sélection que je m'étais imposé. Ma ligne directrice était la suivante: il faut que ça sonne aussi bien que les premiers albums de Can. C'était un travail difficile, relativement laborieux. Aucune nostalgie n'est intervenue dans ce processus. Les membres de Can ont une chose en commun, ils ne sont pas nostalgiques. J'avais le souvenir de quelques très bons titres, "Grau Blau", par exemple. Mais globalement je n'ai pas eu beaucoup de surprises. 
Avez-vous impliqué les autres membres du groupe pendant la sélection?
Il y a eu de discussions, avant et après. Mais non, chacun vaque à ses activités. Et puis de toute façon, vous savez, Jaki (Liebezeit, le batteur ndlr) n'aurait jamais eu la patience de faire tout ça. Il aurait tout jeté à la poubelle, au bout de trois minutes. Jaki est la personne qui s'agace le plus rapidement que je connaisse. Quant à Holger, il est loin de tout ça je pense. 
Vous entretenez quel rapport avec la mémoire de Can? Vous avez apprécié ce travail d'archiviste?
Comme je vous l'ai dit: oui et non. C'était un peu laborieux mais je suis content du résultat. Il n'y aura pas de suite à la discographie de Can. Le reste n'est pas assez bon. A jeter (rires, timides tout de même). Je sais qu'il y existe des enregistrements que certains fans ont réalisés lors des concerts. Des vieilles cassettes gisent ici et là dans des greniers paraît-il. Je ne serais pas contre la parution de ces choses là. Mais du côté du Can, c'est terminé. 
L'écoute de ces Lost Tapes ne vous pas donné envie de reformer Can?
Non. Can est mort avec son guitariste (Michael Karoli ndlr). C'était lui qui donnait l'impulsion rock. Je crois que sans lui ça ne ressemblerait à autre chose, ça ne serait pas le même groupe. Il n'y aura jamais de reformation. Ceci dit j'adore toujours autant jouer avec Jacky quand j'en ai l'occasion. 
Vous portez quel regard sur le rock contemporain?
Je suis un peu déconnecté de tout ça. Mais j'ai parfois de bonnes surprises. Il y a quelques années j'ai vu Sonic Youth jouer un disque de John Cage. C'était passionnant. 
Il y a des musiciens avec lesquels vous aimeriez jouer aujourd'hui?
Oui. Si je cherchais un guitariste je proposerais à John Frusciantede me rejoindre (l'ancien guitariste de Red Hot Chilli Peppers). Je le trouve vraiment exceptionnel. 


Line Up :
Holger Czukay
Michael Karoli
Jaki Liebezeit
Irmin Schmidt
Malcolm Mooney
Damo Suzuki
Rosko Gee
Rebop Kwaku Baah

Label :
Mute Records

Tracklist :
CD1:
01 – Millionspiel
02 – Waiting for the streetcar
03 – Evening all day
04 – Deadly Doris
05 – Graublau
06 – When darkness comes
07 – Blind mirror surf
08 – Obscura primavera
09 – Bubble rap
CD2:
01 – Your friendly neighboughood whore
02 – True story
03 – The agreement
04 – Midnight sky
05 – Desert
06 – Spoon – Live
07 – Dead Pigeon Suite
08 – Abra cada braxas
09 – A swan is born
10 – The loop
CD3:
01 – Godzilla Fragment
02 – On the way to Mother Sky
03 – Midnight Men
04 – Networks of Foam
05 – Messer scissors fork and light
06 – Barnacles
07 – E.F.S. 108
08 – Private Nocturnal
09 – Alice
10 – Mushroom – Live
11 – One more Saturday night – Live




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